LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les chiffres que vous avez présentés début janvier concernant l’activité officinale en 2012 sont mauvais. À l’aube de 2013, quels sont les événements qui, selon vous, pourraient inverser cette tendance ?
PHILIPPE BECKER.- On peut tout d’abord souhaiter à tous les pharmaciens une excellente année 2013. Il leur faudra du courage pour affronter de nombreux défis, mais ils en ont la capacité ! S’ils se sentent souvent incompris par les pouvoirs publics, ils ne doivent pas douter un seul instant du soutien de la population qui apprécie la présence sécurisante des croix vertes au coin de nos rues et les services rendus par les officinaux.
L’un des points clés de l’année 2013 sera constitué, bien évidemment, par les résultats de la négociation sur les nouvelles missions et la rémunération à l’honoraire. Le relais de croissance se situe dans une redéfinition des missions des pharmaciens et une remise à plat d’un modèle économique qui ne fonctionne plus, du fait de la baisse des prix des médicaments. L’enjeu est majeur, mais la problématique est complexe car le nouveau modèle doit être avantageux pour toutes les officines. Nous sommes convaincus qu’une solution va émerger, car les données sur la croissance des dépenses en matière de médicaments sont parfaitement connues et interpellent forcément tous les acteurs de la négociation.
Vous soulignez que, depuis ces dernières années, la bouffée d’oxygène apportée par la coopération commerciale a été la clé de voûte de l’économie officinale. Mais peut-on espérer mieux pour l’avenir ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Les pharmaciens ont joué très majoritairement le jeu du générique et les dernières données chiffrées sur le taux de substitution montrent que le système de santé en est le grand gagnant. Il est normal et logique que les pharmaciens qui s’investissent y trouvent un intérêt financier. La remise en cause de la coopération commerciale serait un très mauvais signe envoyé à la profession. Nos chiffres montrent, s’il en était besoin, que les officines ne peuvent plus faire l’impasse sur cette ressource. C’est un constat, pas un plaidoyer. Rien n’indique cependant que le système va être remis en cause.
Y aura-t-il d’autres événements qui pourraient sortir l’officine de la morosité en 2013 ?
PHILIPPE BECKER.- Le patronat et les syndicats ont discuté récemment de la flexibilité du marché du travail et, parmi les dossiers ouverts, il y a la question de la mutuelle pour les salariés qui n’en bénéficient pas jusqu’à présent. C’est un point qui pourrait être positif pour les officinaux, car chacun sait que de nombreux Français restreignent aujourd’hui leurs dépenses de santé, faute d’une couverture complémentaire.
En ce qui concerne les déserts médicaux, quelles peuvent être les solutions ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Au-delà des effets d’annonce de la fin de l’année dernière sur l’aide à l’installation des jeunes médecins en milieu rural, il y a une vraie prise de conscience de la problématique démographique et des aspirations des jeunes praticiens qui choisissent l’exercice libéral. C’est important car, dans ce dossier, il faut soigneusement analyser les causes avant de vouloir traiter les conséquences. Le monde change et il faut s’adapter. Il y aussi un point positif qui est l’augmentation du numerus clausus pour les étudiants en médecine. Cette augmentation devrait inverser la tendance actuelle d’ici à quelques années.
Mais cela veut dire que les pharmaciens devront encore patienter plusieurs années avant de voir leur activité rebondir. Ne sera-t-il pas trop tard ?
PHILIPPE BECKER.- Non, car l’officine libérale est en train de changer de modèle économique et ce changement va s’effectuer progressivement sur cinq ans environ, pour que cela soit supportable pour les pharmaciens. Le paysage pharmaceutique sera différent de ce qu’il est aujourd’hui. D’abord, les officines seront moins nombreuses – peut-être 20 000 au lieu de 22 000. Ensuite, elles serviront une population plus importante, autour de 3 500 habitants en moyenne, et réaliseront un chiffre d’affaires moyen de deux millions d’euros avec sept salariés en moyenne. Dans ce contexte, les officines pourront effectivement être présentes sur les nouvelles missions. Cette mutation va induire des regroupements ou des « cessions destructions ». On peut même imaginer que les pouvoirs publics favoriseront la recomposition de ce paysage. Resteront toutefois les zones rurales, où ce sera plus compliqué. Mais la France, avec sa géographie, son histoire et ses 36 000 communes, ne peut plus faire l’économie d’une réflexion sur l’organisation des services publics dont celui de la Santé. Les citoyens et leurs représentants vont prendre conscience, dans les prochaines années, que la cause principale de nos déficits est le poids de notre organisation territoriale. Le vrai et grand chantier de réforme de notre pays sera celui-là. Les pharmaciens devront donc être très actifs pour défendre des idées novatrices.
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