« Le Brexit serait une catastrophe pour l’Europe et l’idée européenne, mais n’aurait aucune conséquence sur la politique européenne du médicament, même si celle-ci est menée en grande partie dans une agence installée à Londres », explique Susanne Keitel, pharmacienne allemande qui dirige, à Strasbourg, la Direction européenne de la qualité du médicament. Celle-ci veille notamment aux standards et normes de qualité des substances et des médicaments européens, via la Pharmacopée européenne et plusieurs organes de contrôle, et contribue, à ce titre, à l’élaboration des AMM européennes.
Rappelant que la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein participent déjà à l’ensemble de la politique européenne du médicament sans être membres de l’UE, grâce à des accords techniques bilatéraux, Mme Keitel est persuadée que, en cas de Brexit, le Royaume-Uni passerait lui aussi des accords du même type : « iIs n’ont aucun intérêt à quitter la politique européenne du médicament, qu’ils ne contestent d’ailleurs absolument pas, et je suis sûre que le pragmatisme l’emporterait dans ce domaine. » Par contre, l’agence européenne du médicament devrait quitter Londres et, relève Mme Keitel, « plusieurs capitales de l’est de l’Europe, qui ne disposent d’aucune agence de l’UE, se disent déjà prêts à l’accueillir ». À Strasbourg, la DEQM, qui dépend non pas de l’UE, mais du Conseil de l’Europe, compte quelques fonctionnaires britanniques qui, contrairement à ceux de l’agence de Londres, ne sont nullement concernés, professionnellement parlant, par un éventuel Brexit. Comme l’explique par contre un jeune biologiste de la DEQM, « nous avons des craintes plus personnelles, et nous redoutons par exemple de nous voir exclus des programmes universitaires de type Erasmus ».
Par ailleurs, certaines directives liées à la libre circulation pourraient cesser de concerner le Royaume-Uni, comme celle sur les remboursements des soins transfrontaliers, qui concerne donc aussi les pharmacies qui honorent des ordonnances étrangères. En cas de Brexit, les patients britanniques dans l’UE, et inversement, devraient donc, comme avant la directive, effectuer une procédure administrative beaucoup plus complexe que les règles actuelles. Toutefois, dans ce domaine comme dans d’autres, il n’y aura pas de « révolution » au soir du 23 juin, et ces changements pourraient s’étaler sur plusieurs années… voire faire l’objet d’accords bilatéraux spécifiques.
DDB
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