« JE POURSUIS la tradition familiale, installé dans une officine créée par mon grand-père, suivi par ma mère, au cœur d’un bourg de la Haute-Loire. » Aurélien Meunier, 30 ans, affiche avec bonheur son art de vivre dans la trace de ses ancêtres, exploitant sa pharmacie de Saint-Florine (3 500 habitants sur la commune). Pour ce natif du cru, il était naturel, à la sortie de ses études, à Clermont-Ferrand, de reprendre le flambeau familial « par envie de travailler dans cet environnement, après une expérience de trois ans en pharmacie citadine ». Une installation simplifiée par des dépenses limitées – l’officine était en très bon état, la clientèle déjà présente – précédée d’une étude sur le terrain des possibilités d’avenir.
« Je savais que c’était rentable, dévoile t-il, car je connaissais évidemment l’activité développée par mes prédécesseurs, et pour cause. Il y a les patients traditionnels, la proximité d’un EHPAD, et la mise en place de nouveaux services qui sont prometteurs, sur fond de déplacement à domicile, d’équipement médical, etc.. On peut donc ici, non seulement subsister, mais se développer car les débouchés existent, ruralité ou pas. »
Passionné par l’homéopathie, Aurélien s’est également orienté vers la phytothérapie, et les diverses formes d’aide aux malades, travaillant au plus proche de ses patients. La notion de servir est ici plus sensible qu’ailleurs, avec une population majoritairement âgée, souvent isolée, à travers bois et prairies, sur fond de petites montagnes. Le pharmacien de Saint Florine n’hésite jamais à prendre sa voiture pour aller porter oxygène, appareillages, médicaments et réconfort à des patients pour lesquels il est en quelque sorte le lien avec le monde. « Ici, je suis connu de tous. Gamin, je fréquentais ces gens, déjà clients de ma mère, j’allais à l’école avec leurs enfants, je participais à leur vie. Les relations sont donc plus riches qu’ailleurs, on me fait confiance, on me traite en ami et presque en parent. Cela facilite nos relations et nos échanges. »
Côté économique, le jeune pharmacien croit en ses chances d’avenir, malgré une désertification médicale des campagnes, qui reste cependant limitée sur son territoire. Héritière d’un ancien bassin minier, sa bourgade proche de la ville d’Issoire, est habitée par de nombreux militaires du 82e RI. De plus, la maison de retraite et ses résidents sont une source de revenus appréciable, régulière et pérenne.
Pas de désert médical.
« Il y a aussi les nouvelles thérapies, souligne ce jeune confrère. La demande en médecines naturelles s’amplifie, et les patients sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser. Je vois dans ce créneau un réel vecteur de développement, qui s’avère pour les années à venir, porteur de promesses. » Trois généralistes sont installés dans le bourg, ainsi que des infirmières, un kiné, les gardes étant assurées dans tous les domaines de santé. L’officine n’y échappe pas, à raison d’une permanence d’un dimanche toutes les six semaines, ce qui n’émeut pas son titulaire, heureux de l’assurer malgré son éloignement (il réside à Clermont, à 60 km de là, mais s’implantera peut-être un jour sur place).
Dans ce climat tranquille, la concurrence elle-même ne pose pas problème, les pharmaciens vivant en bonne entente, éloignés les uns des autres de quelques kilomètres. Personne ne songe ici à « piquer » des clients à son voisin. Chaque officine a ses malades et leurs familles (il y a deux pharmacies à Ste Florine).
Aurélien Meunier, qui n’a pas eu d’aménagements particuliers à effectuer lors de son arrivée, envisage de moderniser son officine dans les prochains mois. Il souhaite également installer un libre accès, tout en poursuivant sa stratégie de diversification. Le tout avec l’aide de sa mère – dont il est associé sous le nom de Mathon-Meunier – et peut-être de sa future épouse, pharmacienne également. Donc, une voie possible vers un héritier qui pourrait à son tour poursuivre l’aventure familiale, bon sang ne saurait mentir.
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