LANCÉ EN 2013 par les unions régionales des professions de santé « médecins » et « pharmaciens » de Lorraine, le projet « SIOUX » (voir encadré) incite 40 patients par an, essentiellement des femmes ménopausées, à suivre, pendant trois ans, un traitement préventif de l’ostéoporose, avec un suivi régulier mené en coopération entre les médecins libéraux et les pharmaciens d’officine.
Début 2014, ses responsables ont jugé intéressant de « sonder » les médecins et les pharmaciens qui y participent. Le projet de thèse est né de cette idée, et les deux impétrantes, Laurie Mettavant, étudiante en 5e année de pharmacie, et Oana Muresan, interne de médecine générale, sont allées respectivement interroger 10 pharmaciens et 10 médecins engagés dans le programme, puis se sont partagé la rédaction des analyses et des commentaires. La thèse a été soutenue le 12 décembre dernier à la faculté de pharmacie de Nancy, sous la présidence des doyens Francine Paulus (pharmacie) et Henry Coudane (médecine).
Confiance réciproque.
Comme le résume Laurie Mettavant, les pharmaciens se montrent globalement plus enthousiastes pour se lancer dans des coopérations de ce type que les médecins, souvent plus réticents. Les médecins mettent en avant leur manque de temps, comme le font d’ailleurs aussi certains pharmaciens, et rejettent le côté « administratif » de la démarche, avec notamment les carnets de suivi à remplir. Par contre, une fois engagés dans le processus, les professionnels des deux groupes le jugent d’une manière très favorable. Ils apprennent à travailler ensemble, avec de grandes différences selon leur implantation : dans les campagnes et les petites villes, ils se connaissent en général déjà, alors que, dans les grandes villes, c’est souvent pour eux la première occasion d’avoir de vrais échanges.
Les médecins et les pharmaciens disent se faire réciproquement confiance. Les couacs surgissent surtout quand les deux professionnels cessent de tenir le même discours à leur patient. Quelques différences apparaissent en matière de relations entre les deux groupes : les médecins préfèrent le téléphone, plus rapide, alors que les pharmaciens privilégient les messageries sécurisées.
Le fait de travailler dans le cadre de SIOUX amène les deux groupes à envisager favorablement d’autres coopérations, car ils y trouvent un réel intérêt. Selon le Dr Poivret, la France affiche un retard énorme en matière de coopérations interprofessionnelles, et SIOUX peut contribuer à faire évoluer cette situation. Il faudra toutefois attendre quelques années pour savoir exactement combien d’abandons du traitement par les femmes auront pu être ainsi évités. D’ici là, les deux facultés nancéennes envisagent déjà de renouveler l’expérience des « doubles thèses », sur d’autres sujets portant sur la coopération entre les deux professions.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion