3 questions à…

Olivier Clarhaut

Publié le 23/01/2017
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Secrétaire fédéral de la branche officine à Force Ouvrière

Le Quotidien du pharmacien. Bientôt les adjoints pourront détenir jusqu’à 10 % du capital de la Société d’exercice libéral dans laquelle ils travaillent, tout en conservant leur statut de salarié. Que pensez-vous de cette possibilité à venir ?

Olivier Clarhaut. Cela peut être positif car il est de plus en plus difficile de racheter une officine. Il y a 20 ans, la majorité des adjoints étaient des titulaires en devenir, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les banques ne prêtent plus, des incertitudes pèsent sur l’avenir. Et nous avons peu de visibilité en matière économique, réglementaire et fiscale. Alors entrer partiellement dans le capital peut être une possibilité digne d’intérêt pour un adjoint. Toutefois, il faudra laisser du temps à cette mesure pour voir comment elle sera mise en application une fois le décret publié. En effet, il peut y avoir des différences entre ce qui est inscrit sur le papier et sa déclinaison sur le terrain. Dans le texte de loi, l’adjoint conserve son statut de salarié jusqu’à détenir 10 % du capital. Cela peut être une façon de passer financièrement en douceur du statut d’adjoint à celui de titulaire ou co-titulaire. Mais attention à ce que cette entrée dans le capital ne soit pas un moyen détourné pour faire sortir l’adjoint de son statut de salarié et de lui dire qu’il ne doit désormais plus compter ses heures de travail.

Quelle est la place de la formation dans un plan de carrière ?

La formation est un point essentiel pour tous les salariés, car elle permet de maintenir ses compétences et acquérir de nouveaux savoir faire. C’est pour ces raisons que l’on a rendu le DPC obligatoire. Mais la formation continue se heurte à la difficulté de libérer du temps aux salariés, et plus spécifiquement aux adjoints qui ont une place essentielle dans la pharmacie. Elle a aussi rencontré des problèmes de financement. Pour cela, le DPC a été assoupli, en passant d’une obligation annuelle à triennale. Ce qui reste assez peu par rapport aux ambitions originelles du DPC.

Qu’en est-il des évolutions possibles sur le plan de la rémunération ?

Depuis 2008, la convention collective a instauré une grille salariale avec un passage aux coefficients supérieurs en fonction des années de pratique professionnelle. Malheureusement, cette évolution s’arrête au coefficient 500 pour 6 ans de pratique professionnelle ou plus. De plus, le niveau des salaires de la grille est indigent, et il ne prend pas en compte l’ensemble des responsabilités exercées par les salariés. Mais du côté syndical, il est devenu difficile de négocier la grille des salaires à la hausse. Nous avons eu une réunion mi-décembre, qui a abouti à une réévaluation nulle. Une nouvelle réunion est prévue ce mois de janvier pour tenter une nouvelle négociation.

* Coefficient 400 : moins de 1 an de pratique professionnelle ; coefficient 430 : après 1 an de pratique professionnelle dans l'échelon précédent ; coefficient 470 : après 2 ans de pratique professionnelle dans l'échelon précédent ; coefficient 500 : après 3 ans de pratique professionnelle dans l'échelon précédent. Pour obtenir le 500, il faut donc avoir passé 6 années de pratique professionnelle.

Propos recueillis par C.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3319