AVEC l’hyper-technicité, la science-fiction devient médecine réalité. La vision de Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo et président de DNA vision, interpelle. Il expose l’espérance de vie qui augmente, « multipliée par trois en 250 ans », le séquençage génomique devenu ordinaire, « un million de sujets séquencés à ce jour, pour un coût individuel proche de 100 dollars », et le développement spectaculaire de l’informatique. Ces avancées techniques concrétisées en médecine électronique (implant cochléaire, implant cérébral (Parkinson), rétine artificielle, cœur artificiel, robotique chirurgicale), sont aussi suivies de résultats avec les cellules souches (larynx greffé) ; de nouvelles pratiques sont attendues en nano-médecine dès 2020.
Médecine translationnelle.
Érigeant l’interdisciplinarité en méthode de travail, François Ballet, président du comité R & D du pôle de compétitivité Médicen, précise l’objet de la médecine translationnelle, lien entre la recherche fondamentale de laboratoire et la recherche clinique appliquée au lit du patient. « Le but est de faciliter le transfert de l’innovation vers le secteur industriel et de rendre les innovations thérapeutiques plus rapidement accessibles à tous. »
Cinq pôles déploient ce type de travaux en France. Déjà, des résultats ont été obtenus en thérapie cellulaire (transformation de cellules précurseurs médullaires en caryocytes pour l’insuffisance cardiaque) et dans le domaine des biomarqueurs (le premier biomarqueur commercialisé est le marqueur de la protéine HER 2, pour traiter de façon ciblée les femmes atteintes de cancer du sein surexprimant cette protéine). Une voie prometteuse est ouverte avec l’étude du microbiome (ensemble des génomes des bactéries colonisant l’organisme humain) qui aurait un rôle de défense contre des organismes pathogènes.
Savoir penser différemment.
Optimiste face à ces constats, Pascal Touchon, directeur de la coopération scientifique Servier, invite à établir une nouvelle relation entre médecin, médicament, patient et payeur ; il cite l’exemple de la prise en charge de l’HTA aux États-Unis. « La prescription puis la délivrance du médicament donnent directement lieu à l’inscription dans un registre et l’accès à un service ; le patient est pris en charge ; ses automesures tensionnelles sont enregistrées régulièrement et transmises au médecin ; ce suivi régulier du patient assure la sécurité du médecin et la satisfaction du payeur. »
Sans imposer de solutions, le Pr Christian Hervé, président de la société française et francophone d’éthique, incite à « réfléchir et se poser les bonnes questions, face à ces changements de comportements et de pensées ». Quid en amont (objectif du clinicien) et en aval (stockage des données) du séquençage génomique ? Quel risque pour la confidentialité ? Quels enjeux normatifs de la nano-médecine ? Quel consentement éclairé des patients dans la médecine translationnelle ? Quel usage des informations de ce nouveau big data ?
Des réponses urgentes sont à trouver pour un nouveau business model, le travail pluridisciplinaire, les conflits d’intérêts, le partage des visions au niveau mondial (États-Unis et Chine), la gestion des données, l’impact d’une médecine prédictive, la prévention, la place des payeurs, l’éthique…
Les médicaments nouveaux vont devenir plus rares ; les traitements ciblés avoisineront les solutions de services associés à la maladie. À chacun de redéfinir sa place pour travailler ensemble dans le parcours et l’accompagnement du patient devenu acteur de sa santé.
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