Nos amis, les Anglais

Je ne vois pas ce qui motive les Anglais dans cette affaire de Brexit. Je ne crois pas du tout qu'il s'agisse de commerce, de finances ou même d'immigration. Ils sont saisis par une fureur qui est devenue l'apanage de tous les peuples. Ils sont en colère et ils ont trouvé un bouc émissaire, l'Europe.

Ils en oublient leur histoire, l'amitié qui a uni la France et la Grande-Bretagne quand il a fallu se battre contre le nazisme, combien il est important de faire de notre continent celui où la guerre deviendra impossible. Je veux croire que le sacrifice de Jo Cox, cette jeune députée anglaise tuée parce qu'elle militait pour le maintien de son pays dans l'Union européenne, les sauvera d'un isolement absurde, dangereux et anachronique.

Le plus grave, peut-être, c'est qu'un peuple connu pour son sang-froid et sa pondération ait basculé avec une sorte de joie sardonique dans l'irrationnel, l'intolérance et un égoïsme suicidaire. Ils ne semblent pas savoir ce qu'ils vont perdre. Peut-être croient-ils diluer leur liberté en restant dans l'Union, mais ils ne couraient aucun risque : l'Europe rassemble les cultures, elle ne les change pas.