Diplômé de la faculté de Limoges, Nicolas Verguet (39 ans) a choisi le petit bourg creusois de Saint-Sulpice-le-Guérétois (2 000 habitants), à 15 km de Guéret, pour sa première installation. Reprenant la pharmacie du village en 2010, il y développe plusieurs activités liées à une clientèle rurale majoritairement âgée, allant de l’orthopédie à la location de matériel, avec l’aide de ses trois salariés.
« Ici, nous devons être au plus près de nos patients, explique-t-il. Nous nous déplaçons à leur domicile, nous livrons les médicaments, nous conseillons. Dans l’officine, nous disposons d’un espace dédié pour recevoir discrètement ceux qui le désirent, et les honoraires représentent une part de plus en plus importante de notre rémunération (50 % actuellement). Nous devenons une entreprise de services, dans un environnement médical en voie de désertification, avec des généralistes qui disparaissent sans être remplacés. »
L’officine, créée en 1986 par l’ancien titulaire, a bénéficié l’an dernier d’une restructuration, avec un investissement de 80 000 €. Cet outil moderne permet de répondre aux besoins de la patientèle, et d’assumer les différentes missions qui en dépendent.
Nicolas Verguet est également engagé dans plusieurs associations, militant activement pour les droits de l’homme et se donnant sans compter aux attentes d’une société de plus en plus fragilisée. Il est aussi président du syndicat (FSPF) de la Creuse, depuis deux ans, qui compte 43 adhérents (sur 65 officines recensées). « J’ai accédé à ce poste dans des circonstances particulières et dramatiques, révèle-t-il. Mon prédécesseur, M.Ginest, a disparu avec toute sa famille – 5 personnes au total – dans le crash de l’avion d’Air Algérie. J’étais déjà vice président et trésorier, et j’ai dû faire face à l’événement, sollicité par mes confrères. »
Les pharmaciens de la Creuse sont aujourd’hui suffisamment nombreux – la capitale départementale dispose de 8 officines pour 15 000 habitants – mais connaissent des difficultés structurelles liées à la dégradation des effectifs médicaux déjà évoquée. Ainsi a-t-on relevé à Guéret la disparition pure et simple d’une pharmacie qui n’a pas trouvé de repreneur après le départ de son titulaire. D’où l’émergence de projets de regroupement, dans lesquels le leader syndical voit des solutions d’avenir.
La relève est là
« Un dossier de regroupement de trois officines est en gestation, confie-t-il. Nous le soutiendrons, car il apparaît viable et pérenne, rentable pour ses porteurs, qui limiteront ainsi leurs frais et pourront mieux exercer leurs missions. La désertification médicale ici n’est pas un mythe, mais une réalité préoccupante, avec trois généralistes ayant fermé leur cabinet en cinq ans rien que sur Guéret. Nous n’avons pas de dermatologue dans le département, et les spécialistes disparaissent un à un. Il faut aller à Limoges (100 km) ou Montluçon, dans l’Allier, pour en trouver. Nous songeons également à des maisons médicales, qui sont une autre solution, tout en nous intéressant aux médecins venant de l’étranger – dont la filière roumaine très active – mais on constate parfois un manque de motivation, et des problèmes de langue. »
Dans cette optique, le syndicat cible plusieurs objectifs : soutenir les éventuelles velléités de regroupement lorsqu’elles seront nécessaires, accompagner et conseiller tous les projets allant vers une meilleure distribution des soins. Il restera attentif aux évolutions de la densité officinale, constatant par ailleurs qu’en limousin, grâce à la faculté de Limoges, la relève est assurée.
« Les jeunes sont présents, constate le président. Ils sont prêts à s’installer, pour peu que les conditions soient acceptables, et qu’ils puissent vivre de leur travail. Il y a les Zones de Revitalisation Rurale (ZDR) qui peuvent faciliter les rapprochements, les concentrations de moyens, etc.. Notre organisme répondra aux attentes de ses adhérents, avec deux réunions annuelles, une assemblée générale, et un soutien permanent à leurs préoccupations. Nous sommes à la campagne, et ici, la communauté n’est pas un vain mot, nous devons nous aider les uns les autres. Et rester en permanence au service de la population. »
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