MILLE MÈTRES d’altitude, un environnement montagneux préservé de toute pollution, des vaches Salers en robe rouge paissant paisiblement, et des fleurs de gentiane poussant sur tous les chemins. Nous sommes à Trizac, village typique du Cantal Nord, abritant cinq cents âmes, au centre duquel est implantée la pharmacie de Nicolas Jolly, 44 ans, diplômé de la faculté de Reims, installé depuis 2001. Entre Mauriac, Riom ès Montagne, et le col du Puy Marie, la bourgade est peuplée d’agriculteurs-éleveurs et de retraités.
« Nos atouts sont notre environnement et notre qualité de vie familiale, dévoile Nicolas Jolly ; nos défauts, une désertification latente et un certain isolement. Dans cet univers parfois un peu coupé du reste du monde, nous devons nous adapter afin de répondre aux besoins d’une population pour laquelle l’officine n’est pas un commerce comme les autres. Je suis seul à officier – mon épouse n’est pas du métier – j’habite sur place, et je dois donc faire face en permanence aux demandes de mes patients. » D’où une diversification orientée vers l’oxygénothérapie, l’appareillage, l’aide à la mobilité et les articles d’hygiène, sans compter le portage de médicaments. Nicolas Jolly a passé en 2009 un diplôme d’orthopédiste orthésiste à la faculté de Limoges pour répondre à une partie de ces demandes spécifiques en présentant toutes les compétences nécessaires.
« Nous devons développer nos connaissances et nos pratiques pour répondre à un service santé de proximité immédiat et permanent qui est le rôle du pharmacien aujourd’hui en zone rurale, souligne-t-il, et, bien sûr, maintenir et pérenniser l’activité de l’officine qui a baissé parallèlement à la chute démographique. Nous affichons également une notion de service, car nous sommes des acteurs primordiaux d’un système de santé qui, en campagne, est plus une affaire d’hommes que de structures. Les patients viennent après hospitalisation vers notre officine pour s’équiper et comptent sur nous, bien que nous soyons parfois la cinquième roue du carrosse. Car ils ont souvent avec eux déjà un équipement qui leur a été imposé par l’établissement, mais dont nous devenons, en quelque sorte, les dépanneurs, car ceux qui les fournissent sont éloignés. Donc une partie du chiffre généré par ces besoins nous échappe, tout en nous créant des servitudes. »
Qualité de vie.
Si les pistes de développement – même modestes – sont réelles pour la petite officine, l’entourage médical est loin d’être satisfaisant. Après plus de 15 ans sans médecin sur la commune, on note l’arrivée, et seulement en 2011, d’un nouveau généraliste originaire de Roumanie qui semble avoir quelques difficultés à s’imposer et qui n’amène malheureusement pas un plus à l’activité de la pharmacie. « Il y a un problème de langue et d’adaptation, explique Nicolas Jolly. La municipalité n’a peut-être pas fait le travail comme il fallait le faire, sans concertation directe avec le seul professionnel de santé sur la commune que je suis. L’atmosphère « politico-sociale » peut faire du tort à notre profession sans que les élus en aient conscience ! Seule une clientèle fidèle, ma présence et ma manière de faire mon métier permettent mon maintien actuel encore dans ce milieu rural, mais pour ce nouveau médecin, peut-être s’est-on un peu rapidement précipité vers la première opportunité. Les autres généralistes sont pour le plus proche à une quinzaine de kilomètres, et je pense qu’il va se passer un certain temps avant que nous ayons l’impression d’avoir vraiment notre "docteur". D’autre part, il faudra que cette présence soit acceptée par ses confrères et par la population. »
« Le Puy Mary et la gentiane sont des atouts touristiques avec, bien sûr, une répercussion estivale fort heureusement pour tous les commerces du bourg, ajoute Nicolas Jolly. La plante est l’image touristique locale, qui s’observe à travers des randonnées sur les sentiers montagneux. Mon officine ne fera jamais fortune, mais elle me fait vivre, et je vois grandir mes enfants avec une qualité de vie dont je parlais auparavant, dans un environnement préservé. Néanmoins je reste vigilant sur le contexte économique de mon officine, notamment en fonction des données démographiques, en déplorant une rémunération du pharmacien à la baisse… »
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