Questions sur ordonnance

Monsieur Pierre M., 67 ans

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Publié le 23/04/2018
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Monsieur M. est traité pour une maladie de Parkinson à l’origine d’un handicap important et qui, de plus, le rend fortement dépressif. Le médecin de famille a prescrit, outre un traitement antiparkinsonien récemment rééquilibré par le neurologue, un antidépresseur. L’épouse de Monsieur M., perplexe, sollicite le pharmacien car son mari, qui s’occupe désormais essentiellement à domicile, passe des heures devant l’ordinateur à jouer à des jeux d’argent et manifeste une passion addictive réellement préoccupante pour cette activité à laquelle il ne s’adonnait auparavant que ponctuellement.

Modopar 200/50                   1 gélule matin et soir

ReQuip LP 4 mg                    3 comprimés le matin

Cymbalta 60 mg                   1 gélule le matin

 

Traitement pour deux mois.

           

Quels principes actifs ?

Le Modopar associe de la lévodopa à un inhibiteur de la dopadécarboxylase périphérique, le bensérazide. Ce traitement constitue la base de la prise en charge pharmacologique de la maladie de Parkinson.

Le ropinirole (ReQuip) est un agoniste dopaminergique, administré en monothérapie ou, souvent, en association à la dopathérapie pour renforcer son action.

Le Cymbalta a pour principe actif la duloxétine : il s’agit d’un antidépresseur biaminergique, proche en cela de la venlafaxine (Effexor).

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Non

Et les posologies ?

Elles sont correctes - la dose de ropinirole est élevée, quoique largement inférieure au maximum admissible par le RCP du médicament : 24 mg/j -.

Votre conseil ?

Le comportement addictif de Monsieur M. peut avoir pour origine… son traitement antiparkinsonien ! La participation de la duloxétine reste peu probable car cet antidépresseur agit sur la transmission sérotoninergique et noradrénergique, non dopaminergique.

Le traitement par agonistes dopaminergiques (effet de classe incluant la lévodopa) peut avoir pour effet secondaire potentiel la survenue de troubles du contrôle des impulsions (TCI) : 14 % environ des patients parkinsoniens présentent un TCI, qu’il s’agisse d’une addiction aux jeux d’argent (5 %), d’une hypersexualité (3-4 %), d’achats compulsifs (5-6 %). Près de 4 % des patients présentent plusieurs types de TCI. Ce risque de modification comportementale doit être pris en compte lors de la prescription d’agonistes dopaminergiques dans la maladie de Parkinson comme lors du traitement de la maladie des jambes sans repos.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3430