Questions sur ordonnance

Monsieur Edmond T., 74 ans

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Publié le 02/07/2018
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Monsieur T. commence un traitement pour un cancer de la prostate métastasé qui a été découvert fortuitement, à l’occasion de douleurs vertébrales, chez ce patient dont l’état général est conservé. Il présente une ordonnance d’un spécialiste hospitalier.

Flutamide 250 mg        un comprimé à chacun des repas pendant deux semaines

Puis

Zoladex                       pose d’un implant SC pour trois mois avec poursuite du traitement par flutamide pendant deux semaines

 

Contramal LP 200 mg                          un comprimé matin et soir

QSP un mois

 

sprochain RV dans un mois

 

Quels sont les principes actifs ?

Le flutamide est un anti-androgène pur, non stéroïdien. Il n’exerce pas d’activité gonadotrope ou anti-corticosurrénalienne, mais il bloque sélectivement les récepteurs androgéniques prostatiques. Il est indiqué dans le cancer de la prostate avec métastases.

Zoladex (goséréline) est un décapeptide de synthèse exerçant une activité agoniste de celle de la LH-RH naturelle : son administration induit au bout de trois semaines une diminution du taux de LH hypophysaire et de la testostéronémie. Toutefois, une stimulation de la sécrétion de LH en début de traitement (effet flare-up) explique l’élévation transitoire (environ 7 à 10 jours) du taux de testostérone et l’intérêt de la prescription (également transitoire) de flutamide un mois environ avant l’injection de l’agoniste de la LH-RH.

Contramal (tramadol) est un antalgique de palier II, indiqué pour traiter de façon symptomatique les douleurs osseuses du patient.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

L’urologue a oublié de préciser le dosage du Zoladex. Le pharmacien le contacte : il s’agit du dosage à 10,8 mg (seul actif sur 3 mois).

Et les posologies ?

Elles sont correctes.

Votre conseil

Le pharmacien explique à M. T. le suivi du traitement trop rapidement décrit par le médecin. L’administration de flutamide impose une surveillance rigoureuse de la fonction hépatique, avant son administration, un mois plus tard puis, en cas de signes cliniques ou biologiques, six mois plus tard encore. Le traitement est suspendu en cas d’élévation importante des transaminases. La testostéronémie est contrôlée au terme du premier mois de traitement, puis de façon périodique : elle est maintenue à un taux de castration.

L’administration d’un analogue de la LH-RH peut induire une augmentation transitoire des douleurs osseuses en début de traitement, surtout lorsque le cancer est évolué (métastases). Ces manifestations, liées au pic transitoire de testostérone, sont réduites grâce à l’imprégnation anti-androgénique. La prescription d’antalgiques doit donc être régulièrement réévaluée. Elle impose de prévenir la constipation associée aux opiacés (exercice physique, régime alimentaire). Le comprimé LP de tramadol s’avale entier, indépendamment des repas.

Le flutamide est photosensibilisant : une protection solaire s’impose. 


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3449