Questions sur ordonnance

Mme Émilie J., 66 ans

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Publié le 06/06/2017
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Mme J., ouvrière, exposée des années durant à un travail pénible, souffre de lésions arthrosiques multiples aux genoux, aux hanches et aux poignets. Elle passe à la pharmacie au retour d’une consultation de rhumatologie indispensable en raison d’une phase d’exacerbation de sa gonarthrose. Le rhumatologue adapte le traitement à la poussée aiguë, en augmentant la dose de diclofénac pendant une semaine (150 mg/j) et en proposant à Madame J. un traitement anti-inflammatoire intra-articulaire.

Quels sont les principes actifs ?

La prescription d’un AINS, le diclofénac (Voltarène LP 75 mg), est classique : il est également appliqué en topique (Diclofénac 1 % gel).

La diacéréine, une anthraquinone, a une action anti-inflammatoire modérée : contribuant à limiter la dégradation du cartilage, elle constitue un traitement dit « de fond » de l’arthrose.

L’action antalgique du paracétamol complète celle de l’anti-inflammatoire.

Altim (cortivazol) est un glucocorticoïde injectable administré par voie intra-articulaire. Le rhumatologue injectera une moitié de dose dans chacun des genoux à une semaine d’intervalle. Ce traitement soulagera la patiente 4 à 6 semaines.

La vulnérabilité de la patiente impose la prescription d’un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), protecteur gastrique limitant le risque d’ulcération iatrogène liée au traitement par diclofénac (pantoprazole).

Une statine, la pravastatine, traite l’hypercholestérolémie de Madame J.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Le bilan hépatique satisfaisant de Mme J. autorise la poursuite du traitement par diacéréine (risque d’élévation des enzymes hépatiques et d’hépatite médicamenteuse : CI en cas d’antécédents de pathologie hépatique) : cette patiente supporte bien ce médicament qu’elle prend depuis maintenant 8 mois.

Et les posologies ?

Elles sont ici normales.

Votre conseil

L’ANSM a rappelé en 2014 que la diacéréine expose à des diarrhées iatrogènes susceptibles d’entraîner une déshydratation ou un déséquilibre hydro-électrolytique (hypokaliémie) : le traitement sera immédiatement suspendu en cas de diarrhées. Le médicament est administré impérativement au cours du repas.

Mme J. pratiquera une activité douce et adaptée (sans qu’elle soit à l’origine d’une intensification des douleurs), avec l’aide notamment d’un kinésithérapeute qui va prochainement la suivre régulièrement. 

Nicolas Tourneur

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3356