À LA VILLE, Michel Gicquel est pharmacien, titulaire d’une officine à l’Hermitage, près de Rennes. Au théâtre, il est Georges, mari volage qui veut se débarrasser de sa maîtresse, et, pour cela, fait appel à un certain Maurice. Dans quelques semaines, la troupe dont il fait partie montera sur les planches pour huit représentations de la célèbre pièce « Ma femme s’appelle Maurice ». Le stress monte, Monsieur Gicquel ? « Évidemment oui, mais c’est aussi ce qu’on recherche quand on joue. L’adrénaline. D’autant plus que, cette année, l’auteur de la pièce, Raffy Shart, sera présent. Je lui ai envoyé un courriel pour l’inviter ; il a accepté et il est ravi de venir. » Pas facile, en effet, de reprendre un rôle tenu par des Philippe Chevalier ou Georges Beller. Mais le pharmacien breton aime relever les défis, comme le montre sa carrière professionnelle. « J’ai commencé à exercer dans l’industrie avant de m’installer comme titulaire, en 2002, à Lyon. C’est là que j’ai commencé le théâtre. J’ai pris des cours au sein d’une troupe professionnelle et, trois mois après, j’étais sur scène », confie-t-il. Une envie de casser l’image sérieuse et parfois trop distante de l’homme en blouse blanche derrière son comptoir : « C’est bien de montrer au client-patient qu’on a des passions. Ça rend le contact plus humain. Des clients viennent me voir à l’officine, après m’avoir vu sur scène. Ils me demandent pourquoi je ne suis pas plus drôle au comptoir ? Sans être sinistre, faire preuve de retenue au comptoir est une marque de respect envers les patients et leurs problèmes. Je ne peux pas servir avec un nez de clown ! »
Au comptoir ou sur les planches, il faut être généreux.
De retour dans sa Bretagne natale, Michel Gicquel s’installe à L’Hermitage et entreprend le transfert de sa pharmacie du centre-ville vers le centre commercial : « Cela a permis de redynamiser l’officine et d’étendre la clientèle aux populations des villages avoisinants. » Le virus du théâtre ne l’a pas lâché et, queques mois après son installation, il reprend du service : « Au théâtre comme à l’officine, il faut savoir donner, être généreux. Dans les deux cas, il faut aimer ce que l’on fait, sinon ça se voit, ça se ressent. Au théâtre, la réponse du public est immédiate. Ce n’est pas le cas à l’officine, où un travail de fond est nécessaire pour obtenir la confiance des patients. »
La scène est aussi une expérience relationnelle particulière. La complicité entre les comédiens est indispensable à la qualité du jeu, et, si l’un tombe, les autres sont là pour l’aider. « Au théâtre, il n’y a pas de différences sociales ou professionnelles. Ça fait du bien un peu d’humilité. » De son aveu, cette relation a influencé sa manière de gérer son équipe : « Depuis deux ans, j’ai mis en place des entretiens individuels. Je trouve intéressant et constructif d’avoir l’avis de mes collaborateurs sur la pharmacie, d’entendre leurs idées. C’est important que les membres d’une équipe adhèrent aux mêmes valeurs. » Bien que proche de Rennes, le pharmacien de l’Hermitage doit faire face à la désertification médicale. « En mars, un des médecins cesse d’exercer. Pour compenser le manque de médecins, la télémédecine pourrait être une solution à envisager. J’ai déjà commencé des démarches dans ce sens. » Michel Gicquel est sur tous les fronts et fourmille d’idées pour faire évoluer la profession. Son témoignage montre qu’on peut être investi dans sa profession tout en assouvissant sa passion. L’exercice officinal lui-même en sort grandi.
Des idées et des projets en tête.
Et l’écriture, ça vous parle ? « Oui, j’y pense. J’ai proposé d’écrire un sketch pour le prochain congrès PHR (Michel Gicquel a adhéré à ce groupement). L’objectif est de divertir après une journée de conférence. J’ai déjà mon idée, il faut maintenant que je la pose sur le papier. »
Mettre sa passion au service des patients, c’est un projet qui tenterait Michel Gicquel. Car, de même que les clowns thérapeutiques trouvent de plus en plus leur place à côté de l’équipe soignante, le théâtre et le plaisir qu’il procure pourrait être bénéfique pour les malades. « Jouer nos pièces à l’hôpital, pourquoi pas ? Ça me plairait bien. » Une dernière chose pour parfaire le conseil officinal avant la première ; en cas de trac, il y a Gelsemium !
Légende photo : Michel Gicquel en 2012, dans « Le président, sa femme et moi ».
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion