Questions sur ordonnance

M. Jean-Marie F., 71 ans

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Publié le 13/03/2017
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Un cancer du segment colique droit, au stade métastatique, a été diagnostiqué il y a presque deux mois chez M. F. Ce traitement est mal supporté par le patient qui se plaint de sensation de brûlures, de picotements et de fourmillements au niveau de la plante des pieds comme sur la paume des mains dont la peau est rougie, sèche, squameuse.

 

 

 

 

 

Capécitabine                                      1 800 mg matin et soir pendant 2 semaines, puis arrêt 1 semaine

Ondansétron orodispersible 8 mg     Un cp chaque matin, pendant la durée du traitement par capécitabine.

Sintrom                                              1/2 comprimé le matin.

Dafalgan 500 mg                                Trois boîtes, prise selon douleur, sans excéder 8 gélules chaque jour.

Traitement pour un cycle de 3 semaines.

 

Quels sont les principes actifs ?

La capécitabine (générique du Xéloda) est structurellement proche de la flucytosine (5-FU ou fluoro-uracile) : elle en constitue en fait une pro-drogue. L’administration orale facilite le traitement et limite les contraintes et les risques liés à l’administration parentérale. Ce médicament est prescrit ici en première intention, en monothérapie, dans le cadre du traitement d’un cancer colique métastatique.

Le Sintrom, un anti-vitamine K (AVK), est prescrit ici pour prévenir le risque thrombotique associé à une affection tumorale.

L’ondansétron (générique du Zophren) est un antagoniste des récepteurs 5-HT3 : il réduit le réflexe émétique induit par le traitement cytotoxique.

Le paracétamol, antalgique, est destiné à limiter les douleurs.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

La posologie du Sintrom est adaptée aux résultats de l’INR et ce d’autant plus qu’une possibilité d’interaction cinétique AVK/capécitabine est possible.

Et les posologies ?

La dose de la capécitabine, initialement de 4 300 mg/j, a été diminuée par rapport aux deux premiers cycles, pour limiter l’incidence de l’iatrogénie chez ce patient âgé : un syndrome mains-pieds, de grade 2, survenu lors de chacun des deux premiers cycles d’administration du médicament, explique que le traitement ait été interrompu quelques jours, puis réinstauré avec une posologie réduite d’environ 25 % (cf. AMM), passant désormais à 3 600 mg/j.

Votre conseil

Les comprimés de capécitabine sont pris matin et soir, au maximum trente minutes après la fin du repas (si une prise est oubliée, ne pas la prendre en retard et encore moins doubler la dose suivante).

Les signes cutanés présentés par M. F. sont caractéristiques d’un syndrome « mains-pieds », observé fréquemment avec la capécitabine, et ici de grade 1. Sa sévérité est limitée en évitant les bains ou douches chauds, l’exposition au soleil, le port de vêtements serrés ou des tâches ménagères exposant la peau à des agressions chimiques et/ou thermiques (vaisselle, lessive à la main, etc.). Les sensations cutanées désagréables sont limitées temporairement en baignant les zones lésées dans de l’eau froide, puis en y appliquant une crème émolliente. Plus largement, l’ensemble du corps bénéficiera d’un traitement émollient car le traitement par capécitabine induit une sécheresse cutanée générale.

Une stricte hygiène buccale est nécessaire ainsi qu’une hydratation suffisante : M. F. souffre depuis quelques jours de 2 à 3 diarrhées quotidiennes, un effet également fréquemment observé sous capécitabine, et susceptible, à ce stade de sévérité, de bénéficier de l’administration de lopéramide. La multiplication des selles à plus de 4 à 6/j (grade 2) imposerait l’arrêt du traitement jusqu’à retour à la normale.

 

Nicolas Tourneur

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3333