3 questions à…

Luc Fialletout

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Publié le 20/02/2017
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Directeur général d'Interfimo

Le Quotidien du pharmacien. Peut-on considérer le rachat de parts d'une société de pharmacie, même à hauteur de 10 %, comme une opération financière intéressante ?

Luc Fialletout.- Il s'agit de faire le calcul du taux de rendement de l'investissement. Il est assez banal que le rendement d'un capital investi dans une SEL en cours de désendettement soit de l'ordre de 15 à 20 %. Un meilleur placement serait difficile à trouver sur le marché. Si un adjoint investit à hauteur de 10 % dans une SEL endettée - ce qui est un scénario classique -, il bénéficie de l'effet de levier du remboursement de l'emprunt de la SEL. Au fur et à mesure que la SEL se désendette, il conforte son patrimoine en proportion de ses 10 %. Bien entendu, il participe indirectement au remboursement de la dette en touchant moins de dividendes. Les bénéfices qu'il ne touche pas servent à la société pour se désendetter. Néanmoins, même minoritaire, l'adjoint associé se retrouve à terme propriétaire de 10 % d'une société désendettée, et par conséquent, s'est enrichi.

Qui détermine le prix d'investissement et sur quelle base ?

La détermination du prix est généralement confiée à l'expert-comptable. Avec la modification du mode de rémunération, un raisonnement en pourcentage de chiffre d’affaires n'a plus de sens. La valorisation des parts repose de plus en plus sur la rentabilité dégagée. À la différence d'une vente d'officine à une tierce personne, qui conduit le pharmacien vendeur à tirer le meilleur prix de son bien, le scénario de cession de parts en vue d'une association progressive doit reposer sur un consensus entre les deux parties. Le prix doit résulter d'un vrai calcul économique. La notion de juste prix, ou plutôt de valeur, est essentielle pour la sérénité de l'association.

Comment s'organise la sortie de l'adjoint au capital de la société ?

C'est un des points qui devrait être précisé dans le décret d'application à paraître. Mais la réglementation actuelle nous offre déjà des éléments de réponse. Si l'adjoint quitte l'officine où il est associé minoritaire pour devenir titulaire d'une autre officine, il a le droit de conserver sa part. En effet, la Loi autorise le titulaire d'officine à détenir jusqu'à 4 participations dans des SEL de pharmacies autres que celles dans laquelle il exerce. En revanche, s'il devient adjoint dans une autre pharmacie, il ne pourra pas conserver ses parts, qui devront être rachetées (le cas échéant par la SEL elle-même qui les annulera ensuite et réduira son capital). Le décret doit organiser les modalités de rachat des parts dans cette situation. Enfin, un autre scénario pourrait permettre à l'adjoint associé de conserver ses parts, en les logeant dans une SPFPL.

Propos recueillis par D. P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3327