MARION SERPINET est une jeune pharmacienne qui va reprendre la pharmacie familiale le 1er juin prochain. Située à Artemare, dans l’Ain, cette officine rurale est proche d’un cabinet médical. Marion Serpinet fait partie des très rares pharmaciens diplômés en éducation thérapeutique (ETP). « J’ai suivi un DU d’éducation thérapeutique à Besançon, après avoir suivi le DU de pharmacie clinique du Pr Calop à Grenoble. Il a abordé des aspects de l’éducation thérapeutique et m’a donné l’envie d’aller plus loin », explique la jeune femme. Le DU en question est pluriprofessionnel et Marion Serpinet était le seul pharmacien à suivre cette formation. Il se décline en huit modules, à raison de deux jours par mois, pour un total de 105 heures. Largement assez pour présenter un dossier aux ARS*, qui demandent une formation d’au moins 40 heures. « Avec l’un des médecins du cabinet du village, on s’est dit qu’il serait intéressant de présenter un projet de santé. C’est ce qui m’a poussée vers le DU d’ETP car cela nous donne une crédibilité auprès des autres professionnels de santé du secteur. »
Le projet ? Monter un pôle santé, projet qui a reçu l’autorisation de l’ARS de Rhône-Alpes. Pour cela, il a fallu créer une association loi 1901 pour des raisons de statuts juridiques, car les SISA (Sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires) n’étaient pas encore créées lorsque le projet a été validé. L’association regroupe une trentaine de professionnels de santé de la région : médecins, pharmaciens, psychologues, diététiciennes, infirmières, kinésithérapeutes et opticiens. Leur objectif est de mettre en place l’éducation thérapeutique. « Nous en sommes à la première étape, c’est-à-dire à l’installation de la coordination de professionnels de santé. C’est long à se mettre en route, mais cela nous permet de nous rencontrer. Nous avons une enveloppe de l’ARS pour cette première étape, qui a permis de fixer une rémunération équivalente à 3 consultations, soit 69 euros par professionnel de santé et par heure de réunion. » Une avancée importante, mais Marion Serpinet avoue son impatience d’arriver à la 2e étape, qui sera tournée vers le patient. « Le patient qui acceptera la démarche d’ETP sera reçu dans le local du pôle santé, le professionnel référent fera un premier entretien de diagnostic éducatif, en face-à-face, afin d’en tirer un bilan et des objectifs partagés. Puis il participera à trois ou quatre ateliers collectifs réunissant 6 à 8 patients, et, enfin, à un entretien bilan », détaille la pharmacienne. L’ARS Rhône Alpe a attribué une enveloppe de 300 euros pour le parcours complet d’un patient.
Patient high-tech.
Xavier Schneider, installé à Truchtersheim, dans le Bas-Rhin, a mis en place des entretiens pharmaceutiques sur le rééquilibrage alimentaire. Il affiche une forte volonté de communication vers ses patients, par le biais de sa vitrine, de son site Internet et par la remise de brochures sur l’asthme et l’éducation thérapeutique. Il a fait le choix de recouvrir sa vitrine de grandes affiches avec des pictogrammes qui présentent le parcours santé idéal du patient à l’officine, de l’accueil à la prévention et à une meilleure santé. « Il est temps que nous arrêtions de solder nos vitrines aux laboratoires », affirme-t-il. Xavier Schneider communique aussi par le biais de son site Internet. « Nous voulons aussi toucher le patient high-tech. Pour autant la santé n’est pas virtuelle, nous aurons toujours besoin d’un lieu physique où nous rendre. En France, la pharmacie est le lieu le plus indiqué. Grâce à notre maillage territorial, nous sommes la force de communication santé la plus puissante puisque nous voyons plus de 3 millions de patients par jour. Nous sommes le fameux gatekeeper de l’accès aux soins. »
Par ailleurs, Xavier Schneider vient de terminer des travaux dans sa pharmacie, qui offre désormais deux espaces de confidentialité. Le premier est totalement fermé et assure une confidentialité maximale, le second est plus ouvert et « montre qu’il se passe quelque chose de différent dans l’officine ». Le titulaire compte également s’équiper d’un écran tactile mis à la disposition de sa patientèle pour aborder la santé de façon ludique. « Il faut que ce soit simple, par exemple ils pourront cliquer sur des icônes pour être informés, avoir accès des tests de dépistage. Le but est de faire naître le questionnement du patient, d’ouvrir le dialogue. »
En souffrance.
Sabine Zenglein est associée avec Marie-Christine Delvot à Boulay-Moselle (en Moselle) et adhère au groupement Pharmactiv. Avec l’aide du réseau, elle a mis en place des entretiens sur le diabète, le tabac, le bon usage du médicament, ainsi que des rendez-vous douleur. « Nous les avons instaurés systématiquement après le retrait du dextropropoxyphène, auprès des patients qui se voyaient prescrire autre chose, ainsi qu’auprès de ceux qui ont des prescriptions d’héparines bas poids moléculaire. On s’est rendu compte qu’ils étaient souvent en souffrance, dépassaient les dosages recommandés en paracétamol et associaient d’autres médicaments. Beaucoup nous ont remerciés de leur avoir apporté des éléments de réponses », remarque Sabine Zenglein. Dans le plan d’action de l’officine, les deux titulaires se sont partagé le travail en fonction de leurs domaines de compétence et de leurs affinités. C’est ainsi Sabine Zenglein qui se charge du plan de formation. Elle effectue un bilan au moment des entretiens annuels avec l’équipe, ce qui lui permet de bâtir le plan de formation pour l’année suivante, en fonction des besoins de l’officine et des envies du personnel. « Cela fait partie de notre projet d’entreprise que nous portons depuis sept ans. Cette façon de fonctionner est motivante pour tout le monde, pharmaciens et préparateurs sont très impliqués et n’hésitent pas à proposer des actions. » Son leitmotiv ? « Bien faire notre métier et faire comprendre au patient qu’ils ne sont pas obligés de subir leur maladie. »
D’après une conférence à Pharmagora 2012.
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