LE NARRATEUR, qui approche de la cinquantaine, vient d’assister à la mort lente de son père quand on lui découvre une leucémie qui ne lui donne que quelques mois à vivre. Sans affolement et même sans peur, il informe sa femme bien-aimée et ses deux adolescents avant le reste de la famille et l’entourage, puis il met en ordre ses affaires professionnelles et financières, notant que « bientôt mort, je me sentais plus vivant que bien des vivants ».
Quand soudain tout s’écroule : le médecin lui annonce que son mal est en réalité bénin ! Commence alors pour le malheureux chanceux une sorte de descente en enfer qui le conduit à s’isoler dans une chambre d’hôtel, « prostré, irritable, silencieux. Le jour, j’étais neurasthénique. La nuit, dépressif »...
Un état qu’il réussit – presque – à faire partager au lecteur en relatant ses impressions et ses sentiments sur une société et des personnes qui ne lui conviennent pas. Trop poli pour asséner des avis définitifs, Christian Authier, par la voix du narrateur, évoque ainsi le parcours du combattant que représente l’existence avec ses difficultés d’amour et d’amitié, de relations avec les parents et les enfants, ses espoirs déçus et ses rêves effacés. Une grisaille généralisée et seulement sauvée par quelques coins de ciel bleu. Mais il le fait avec légèreté et parfois de l’humour, comme à l’occasion des diverses consultations de psychologue, psychiatre, psychanalyste ou encore naturopathe et sophrologue.
Après neuf mois de recul et de tergiversations, le narrateur est prêt à se lancer à nouveau dans le grand combat de la vie, quand survient un nouveau coup de théâtre…
QU’UNE JEUNE BELGE fraîchement débarquée dans la région parisienne quitte le triste appart’ de banlieue où l’héberge une amie pour une spacieuse chambre dans un hôtel de maître du VIIe arrondissement de la capitale, on le comprend. Même si on lui dit que huit femmes, qui avaient précédemment obtenu cette colocation, ont disparu.
Revisité par Amélie Nothomb, le conte devient une sorte de joute intellectuelle et amoureuse – culinaire aussi car on y déguste maints mets luxueux et coupes de champagnes prestigieux – entre la jeune femme de 25 ans qui n’a pas froid aux yeux et le grand d’Espagne sûr de son pouvoir et néanmoins séduit par sa locataire.
Le suspense reste entier jusqu’à la dernière page ou presque : Saturnine va-t-elle ouvrir la fameuse porte interdite par don Elemirio Nibal y Milcar, ou va-t-elle respecter ce que chacun est en droit d’espérer, le droit au secret ? Une question posée sur fond d’alchimie, non pas dans le souci de trouver la richesse en faisant de l’or avec du plomb, mais, ce qui est plus louable dans un conte, de se transformer en quelqu’un d’étincelant.
AUTEURE pour le théâtre et romancière – « Cet été-là » a reçu en 2011 le prix des Maisons de la presse –, Véronique Olmi nous entraîne dans l’intimité d’un homme et d’une femme. Cependant, loin de décrire les turpitudes d’un couple doublement adultère, elle s’en va chercher au-delà des apparences.
Son propos est de comprendre pourquoi Suzanne, une femme mariée entre deux âges, de celles que l’on ne remarque pas, simple accordeuse de pianos, et Serge, la soixantaine affirmée de l’homme qui a réussi et époux d’une très jeune et très belle femme qui lui a donné deux beaux enfants, pourquoi ces deux-là vont, en se croisant, se reconnaître.
On est loin ici de la passion à corps perdu et, s’ils vont tout quitter, chacun de leur côté, ce n’est pas pour vivre le grand amour. Leur attirance est plutôt fondée sur leur besoin de vérité, de se montrer tels qu’en eux-mêmes. L’un devient le miroir de l’autre sans crainte d’être jugé.
Au terme de ce beau roman où deux vies se délitent pour trouver la note juste mais sans parvenir à un unisson, Serge va ainsi se délester de terribles vérités enfouies depuis l’enfance. Suzanne reste beaucoup plus secrète mais on sait que, seule désormais, elle prend des leçons afin de réaliser son rêve d’enfant, devenir pianiste.
ÂMES SENSIBLES ne pas s’abstenir. Le gentil Tristan, paré des oripeaux de chasseur à la demande de sa femme, pour qui fraterniser avec les hommes virils du coin est le seul moyen de se faire accepter dans le village, va protéger dans sa gibecière le lapin qu’il est censé avoir tué, alors même que la journée tourne au cauchemar.
Après qu’un des membres du quatuor de chasseurs tombe dans un trou et que ses deux amis partent chercher du secours, une tempête inattendue survient, le vent et la pluie glacent les os et emportent tout sur son passage. Au lieu de s’effondrer, le timide garçon rassemble son énergie pour aider le blessé. Mais celui-ci est-il aussi faible – et innocent – qu’il y paraît ? Seul le lapin, que l’auteur a doté de parole et de la raison que les hommes semblent avoir abandonnée, peut y répondre.
Prix du Livre Inter pour « Un secret sans importance » et du Renaudot des lycéens pour « Dans la nuit brune », Agnès Desarthe donne un roman tout de violence contenue où la sauvagerie n’est pas toujours du côté où l’on dit.
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