NOUS AVONS l’habitude de voir nos élites gouvernantes publier des ouvrages à succès lors de leurs passages aux affaires. Des ministres en exercice nous l’ont montré, et j’ai encore en mémoire un ouvrage de référence sur Henri IV écrit par un ministre lors de son passage à l’Éducation nationale.
Pharmacien de terrain depuis de longues années, j’ai souvent constaté de soudaines et tardives prises de conscience de nos dirigeants. J’ai, comme tout un chacun, eu connaissance de votre co-ouvrage avec le Pr Even à un journal de 20 heures de grande audience. Comme toujours, il est plus aisé de montrer le médicament, ses tares et ses cortèges iatrogènes, à l’ombre (que dis-je, à la lumière !) d’une croix verte, plus explicitement télévisuelle qu’un lobbying réussi de laboratoires auprès d’agences gouvernementales ou d’assemblées et de commissions.
Mais enfin, quoi ! L’autorisation de mise sur le marché de la spécialité pharmaceutique est la prérogative de l’administration nationale, puis européenne. Le remboursement aux collectivités et aux assurés sociaux est bien la prérogative d’une commission mise en place pour cela. La moitié des médicaments inutiles ? Seulement ? Je trouve que c’est un assez bon résultat. Combien de commissions et de comités sont inutiles ou redondants, voire nocifs ? Il y a là 50 milliards de dépenses à économiser.
Primum non nocere. Méditons aujourd’hui cette devise des pharmaciens qui devrait inspirer bien des décideurs, tant industriels qu’administratifs. Si la moitié de nos médicaments est une daube infecte, c’est effectivement avec le bel et bon label de l’État. Un certificat de bonne origine garanti par des tonnes de documents en bonne et due forme, des expertises hospitalières (peut-être aussi les vôtres, d’ailleurs…), des essais cliniques, phase IV, et des voyages payés dans des contrées lointaines et accueillantes… Nous prenons des années et nous regardons le chemin parcouru. Nous doutons, parce que le manque de vision stratégique de nos dirigeants nous a installés dans l’inconfort et l’anxiété, voire l’angoisse, de l’époque que nous traversons. Nous avons cessé de penser à l’avenir dans ce monde que vous nous laissez, où l’unité de temps financière est de 1/10 000 ème de seconde.
Il y a bien longtemps que les laboratoires pharmaceutiques sont passés sous contrôle de holdings financières multinationales. Un médicament, c’est du papier, du carton, un peu de matière plastique et d’aluminium, peu de grammes d’excipients, quelques milligrammes de principe actif, voire moins, et un énorme, immense, savoir. Bienvenue chez nous.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion