L’exercice en PUI bientôt interdit aux officinaux

Les hospitaliers défendent le projet de décret

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Publié le 15/07/2014
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UN PROJET de décret, qui devrait être publié prochainement, prévoit de réserver aux titulaires du diplôme d’études spécialisées (DES) de pharmacie l’exclusivité de l’exercice dans les PUI. Cette mesure, qui devrait entrer en vigueur en 2016, provoque certaines inquiétudes dans la profession (voir « le Quotidien » du 26 juin 2014). « Des craintes non fondées », selon le Pr Gilles Aulagner, président de l’Association nationale des enseignants de pharmacie clinique. Il tient à rassurer les praticiens étrangers : « il est prévu qu’ils pourront exercer dans les PUI à condition d’avoir réussi des épreuves d’équivalence. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. » Il salue en ce texte « une avancée pour les patients, qui permettra d’avoir des pharmaciens mieux formés et des compétences mieux adaptées à l’exercice hospitalier ». Il note en effet que « de nombreux domaines ne sont pas enseignés pendant les cinq premières années », comme la nutrition parentérale, la stérilisation, les dispositifs médicaux spécialisés, la recherche clinique, etc. De plus « une directive européenne de novembre 2013 nous demande des spécialisations », ajoute-t-il.

De son côté, Thomas Riquier, président de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM), précise qu’il s’agit, grâce à ce texte, de promouvoir une « sécurisation des pratiques par des compétences adaptées ». Il note que plusieurs raisons justifient « l’argumentaire selon lequel seul le DES de pharmacie sanctionnant le troisième cycle dit « long » devait permettre d’accéder à l’exercice en PUI » : des « spécificités de l’exercice hospitalier très différentes de celles de la pharmacie d’officine », « le lien étroit entre l’internat et la recherche », « la réforme du DES de pharmacie », mais aussi « la reconnaissance au niveau européen, depuis 1985, de la nécessité de la spécialisation en pharmacie hospitalière ». Pour lui, « l’esprit de ce texte est de donner une qualification pour l’exercice en PUI aux pharmaciens dûment formés et aux pharmaciens justifiant d’une expérience jugée suffisante par leurs pairs pour exercer les différentes activités effectuées en PUI ». Il souligne que ces activités sont « hautement techniques et spécifiques » et que leurs modalités « ne sont enseignées qu’au travers de l’internat en pharmacie ». Il rappelle enfin que le texte donne « accès à une qualification aux pharmaciens n’ayant pas passé le concours national classant de l’internat en pharmacie ». Pour cela deux années d’exercice à temps plein leur sont demandées. Ils « gagnent au passage une reconnaissance de leurs compétences développées et acquises par leurs pratiques professionnelles », conclut Thomas Riquier.

ANNE-GAËLLE MOULUN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3109