HUMEUR

Le téléphone sonne

Publié le 26/05/2011
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Je n’aime pas me vanter, mais je suis très sollicité. On m’appelle aussi souvent que si j’étais célèbre. Peut-être le suis-je sans m’en douter ? Qui veut me faire changer de mutuelle, qui me propose pour la centième fois des doubles vitrages, qui veut refaire mon balcon, qui veut que je change d’assurance, qui me demande si j’entre bien dans la catégorie des 25-55 ans et à qui je réponds que j’en ai 7, qui me demande si j’ai le temps de répondre aux questions d’un sondage sur la consommation de pommes de terre, aliment délaissé par le peuple, qui me suggère un régime minceur, qui marche sur les plates bandes de mon fournisseur Internet, bref, j’en passe. Je suis confus d’exciter chez mes concitoyens tant de convoitise, mais en même temps la notoriété a un prix n’est-ce pas ? Un prix si élevé pour mon système nerveux que j’ai bien envie quelquefois d’envoyer sur les roses mes interlocuteurs. Lesquels, notez, se fâchent aussi : « Je ne vous ai encore rien proposé ! ». Ou bien : « Vous êtes stupide de ne pas vouloir un si bon produit ! ». C’est moi qu’ils harcèlent, c’est eux qui s’indignent.

› RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2840