Enquête toxico-policière à rebondissement

Le « pain maudit » au menu de l’Académie

Publié le 06/05/2010
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Du pain béni pour les toxicologues

Du pain béni pour les toxicologues
Crédit photo : AFP

L’ACADÉMIE DE PHARMACIE a rouvert hier un dossier que l’on croyait classé depuis près de 60 ans. Au cœur de l’été 1951 la petite ville gardoise de Pont Saint-Esprit est frappée par un mal mystérieux. Ce qui ressemble fort à une intoxication collective fait quelque 300 victimes, dont 7 morts et 50 internés psychiatriques. Le pain du boulanger est très vite incriminé. Débute alors l’une des plus célèbres enquêtes toxico-policière du siècle, dite affaire du « pain maudit ». Le spectre de l’ergotisme, le « mal des ardents », vient d’abord planer sur la petite commune. Mais l’hypothèse, évaluée notamment par le célèbre chimiste Albert Hofmann, est finalement abandonnée. D’autres pistes sont évoquées, comme celle mettant en cause un antifongique méthyl-mercurique suédois. Mais là encore, les recherches toxicologiques ne collent pas avec les tableaux cliniques. Des mycotoxines poussant dans les silos à grains ? Peut-être bien. Quant à la thèse la plus récente, elle est aussi la plus étonnante : dans un livre paru en 2009, le journaliste américain Hank P. Albarelli J.-R. prétend en effet que la CIA aurait testé le LSD comme arme de guerre par pulvérisation aérienne sur la population spiripontaine. Plus d’un demi-siècle après les faits, cette dernière hypothèse, comme le « pain maudit » de Pont Saint-Esprit, reste un peu difficile à avaler…

› D.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2748