Comptabilité

Le nouveau profil des candidats à l’installation

Publié le 20/03/2014
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PREMIÈRE INSTALLATION. Les financements bancaires se faisant plus difficiles à obtenir, les pharmaciens candidats à une première installation en officine changent de profil. Mais, malgré ce changement, la réussite de l’installation dépend toujours de critères économiques, financiers et humains très précis, comme l’expliquent Philippe Becker et Christian Nouvel, de Fiduciel.
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Vous intervenez au salon Pharmagora, dans quelques jours, sur le thème de la première installation. Quel est le profil du primo accédant en 2014 ? Ce profil a-t-il évolué ces dernières années ?

PHILIPPE BECTER. - Le profil du candidat à la première installation évolue en effet, du fait de la difficulté à trouver un financement. Concrètement, nous rencontrons aujourd’hui une majorité de diplômés issus de l’industrie qui se reconvertissent vers l’officine. Souvent, ils ont négocié leur départ dans le cadre d’un plan de réduction des effectifs, et ils bénéficient généralement, malgré leur infortune, d’un pécule significatif qui leur permet d’envisager une reprise d’officine ou une association.

Ce qui signifie donc aussi que l’on devient titulaire de plus en plus tard ?

CHRISTIAN NOUVEL. - Pour le confirmer, il faudra observer les données d’inscription en section A dans les prochaines années. En tout cas, il nous semble que le manque d’apport empêche beaucoup de jeunes adjoints de se lancer dans l’aventure.

Doit-on en conclure que les exigences des banques sont de plus en plus fortes avant d’accorder un financement ?

PHILIPPE BECTER. - Les banques ont une triple exigence. Premièrement, un apport suffisant, de l’ordre de 20 % à 25 % de l’investissement global. Ensuite, un prix d’achat qui soit raisonnable. Et enfin, bien évidemment, un dossier prévisionnel très solide et argumenté. Cette situation, chacun le comprend, a progressivement asséché le monde des acquéreurs potentiels. Ce qui explique sans aucun doute la baisse continue des prix de vente des officines.

Si le marché s’équilibre du fait d’une nouvelle baisse des prix de vente en 2014, peut-on espérer une meilleure appréciation des dossiers de financement par les banques ?

CHRISTIAN NOUVEL. - Oui, mais à notre avis il faudra une condition supplémentaire : de la visibilité sur le devenir économique des pharmacies, à court et moyen terme. Prenons un exemple simple : un futur installé ne sait pas dire avec certitude, aujourd’hui, s’il aura dans dix-huit mois les mêmes conditions « génériques » que son prédécesseur. Et ceci, alors même que ces avantages « génériques » représentent bien souvent son salaire de jeune installé.

En ce qui concerne les conditions financières d’emprunt, comment évoluent-elles en ce moment ?

PHILIPPE BECTER. - Sur ce plan, et c’est une bonne nouvelle qu’il faut souligner, les taux sont toujours extrêmement attractifs. On trouve bien souvent des taux inférieurs à 3 %.

Pour conclure, quel est votre message aux primo accédants ? Quels conseils peut-on leur donner ?

CHRISTIAN NOUVEL. - Malgré les incertitudes qui pèsent sur la profession, nous restons positifs car il y a encore des opportunités pour les candidats à une première installation. On peut leur donner deux conseils. D’abord, iI leur faudra être patient pour trouver la bonne pharmacie au bon prix. Ensuite, ils doivent profiter de ce temps de recherche pour améliorer leurs connaissances en management de l’équipe officinale grâce à des formations appropriées.

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS SABARLY

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3078