LE JOUR où j’ai écrit ma dernière chronique, je me suis penchée en arrière, sur toutes ces années pendant lesquelles je vous ai raconté mes petits malheurs et mes petits bonheurs, qui faisaient souvent partie de votre propre quotidien. Une animation cosméto perturbée par une intervention des hommes du GIGN, ma découverte de cacahuètes pharmaceutiques dans le préparatoire, les actions et les commentaires fréquemment fantaisistes de nos clients, mes incursions dans diverses officines à l’étranger ou dans nos provinces, le stress des nuits de garde, les quelques défauts et les énormes qualités de ceux qui ont composé mes nombreuses équipes, les excentricités de certains titulaires, il y en avait, des choses à écrire !
Le jour où j’ai écrit ma dernière chronique, ça faisait des mois qu’il faisait beau, chaud et sec, en plein hiver. Les rosiers étaient toujours en fleurs, les iris avaient fleuri et, lassés, avaient fini par se faner, il y avait du monde sur les plages tous les jours, et des baigneurs dans l’eau, mais les montagnes au loin n’avaient pas changé de couleur, on attendait la neige en vain. Moi ça commençait à m’inquiéter ce temps bizarre. Est-ce qu’on en avait fait assez, à notre petit niveau, pour notre planète ? Les cartons d’emballage dans le conteneur à cartons, les boîtes de médicaments vides aussi, les feuilles de papier utilisées des deux côtés avant d’être jetées dans la poubelle spéciale, les ordinateurs en veille dans la journée et éteints le soir… Et puis, une vague de froid venue de l’est a tout submergé, presque rassurante : il peut neiger encore en hiver, le mot saison peut encore avoir un sens.
Le jour où j’ai écrit ma dernière chronique, je me suis demandé combien j’allais la regretter, cette feuille bimensuelle qui faisait partie de mes habitudes. Depuis que j’avais quitté la Provence pour venir m’installer sur la Côte d’Azur, rien n’était resté stable, autour de moi. Des enfants avaient grandi, étaient partis vivre et étudier ailleurs. Des personnes chères nous avaient quittés définitivement. Je m’étais investie dans des équipes officinales, hospitalières, psychiatriques, gériatriques… Rien n’avait duré, sauf Mon Équipe. Allait-elle me manquer ? Allait-elle vous manquer ?
Le jour où j’ai écrit ma dernière chronique, c’était également avec une certaine légèreté de cœur. Parce que ce qui m’attendait, c’était une nouvelle expérience professionnelle (encore une) qui allait me prendre un gros morceau de mon temps, mais qui allait me donner de grandes satisfactions. Pourtant vous ne connaîtrez pas la suite, parce que je ne m’installerai plus devant mon clavier pour la partager avec vous.
Le jour où vous lirez ma dernière chronique, c’est aujourd’hui.
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