Le Quotidien du pharmacien. — Comment décririez-vous le rôle que le pharmacien doit jouer en matière de prévention ?
Pr François Chast. - Les pharmaciens d’officine ont une place à part dans la santé publique. Parmi les missions définies à l’article L. 5125-1-1A du code de la santé publique, celles qui entrent plus particulièrement dans le domaine de la prévention sont les suivantes : la contribution aux soins de premier recours pour prévenir une aggravation de l’état de santé ; la participation à la mission de service public de la permanence des soins ; la coopération aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé ; la participation à l’éducation thérapeutique des patients (ETP) et à leur accompagnement, notamment pour contribuer à l’observance et le rôle de pharmacien référent pour les établissements médico-sociaux ne disposant pas d’une pharmacie à usage intérieur et ayant souscrit une convention (exemple EHPAD). Les pharmaciens d’officine, avec d’une part, leur « maillage territorial », leurs contacts, avec plus de quatre millions de personnes par jour, et d’autre part, leur formation dans les domaines du médicament, de l’éducation à la santé, de l’éducation thérapeutique, sont à même d’agir dans tous les domaines de la prévention.
En prévention primaire, bien sûr. Les actions dans lesquelles le pharmacien peut s’investir, incluent la couverture vaccinale, la prévention de l’iatrogénie médicamenteuse, l’amélioration de l’observance et le suivi des traitements.
Concernant la vaccination, il faut poursuivre les efforts d’information auprès de la population sur les vaccins, les maladies qu’ils préviennent, l’importance de respecter le calendrier vaccinal (sans oublier les rappels) et les modalités de « rattrapage » en cas d’interruption du schéma vaccinal. Par ailleurs, le pharmacien dispose, avec le dossier pharmaceutique (DP), d’un dispositif très performant pour le suivi des vaccins délivrés.
Et pourquoi pas… Les pharmaciens, acteurs de la vaccination, s’inspirant du modèle adopté par d’autres pays. Nous attendons la publication du décret d’application de la LFSS 2017 qui prévoit la possibilité d’expérimenter la vaccination contre la grippe, chez les adultes, dans certaines régions.
Que dire du rôle du pharmacien en matière de prévention de l’iatrogénie médicamenteuse et de respect de l'observance ?
Prévenir les effets indésirables provoqués par les médicaments est souvent possible. La question de la sécurité des traitements ne doit pas être minimisée et le succès de nombreuses thérapeutiques a, peut-être paradoxalement, conduit à une trop grande banalisation de l’usage des médicaments, de leurs risques intrinsèques et à une sous-estimation des situations à risque auxquelles ils peuvent exposer. Dans beaucoup de cas, le cumul des prescriptions (recours simultané au généraliste, spécialiste, en ville ou à l’hôpital) conduit fréquemment à un allongement de la liste des médicaments administrés sans qu’un contrôle réel ou une hiérarchisation des besoins ne soit entrepris.
Le pharmacien peut (voire, doit) repérer les situations à risque en apportant au patient ou à son entourage les informations permettant de pointer telle ou telle situation préoccupante : ordonnance à risque – symptôme évocateur d’un effet indésirable. Le DP est un outil précieux de cette prévention.
Le pharmacien d’officine, interlocuteur de proximité, est le dernier acteur de la chaîne visant à mettre en place un traitement puisqu’il en est le dispensateur. Le rôle du pharmacien est donc majeur, tant au niveau de la détection de la non-observance que dans la participation aux actions d’information et d’éducation thérapeutique du patient.
Son impact sur le processus décisionnel d’adhésion et sur le suivi du traitement est essentiel et fait appel à ses compétences professionnelles, au respect des patients, à sa capacité à motiver, à son écoute.
Comment les entretiens pharmaceutiques, l'éducation thérapeutique du patient et l'usage des tests de dépistage peuvent-ils contribuer à la prévention à l'officine ?
En ce qui concerne les entretiens pharmaceutiques pour la surveillance de certains traitements (traitements anticoagulants et traitement de l’asthme), des conventions ont été signées entre les syndicats pharmaceutiques et la CNAMTS. La surveillance des diabétiques devrait être rapidement mise en place compte tenu de la gravité de cette pathologie chronique.
Les dispositifs d’aide au diagnostic, les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), exécutés par un professionnel et les autotests, réalisés par l’intéressé permettent au pharmacien d’expliquer l’intérêt du test, ses limites, et aider à l’interprétation des résultats. On peut citer les exemples de tests d’orientation diagnostique pour le diabète, les angines à streptocoques du groupe A et la grippe.
Par ailleurs, l’avènement de la révolution informatique et numérique devrait modifier les modes de prises en charge et la structure d’organisation du système de santé. L’information passe désormais de façon massive par internet, qui n’est toutefois pas accessible à tous, en particulier à beaucoup de personnes âgées. Les pharmaciens sont là pour informer sur les médicaments et aider le public pour l’automédication. Rappelons qu’il existe plusieurs sites internet comme ordre.pharmacien.fr, cespharm.fr, meddispar.fr...
Enfin, l’éducation thérapeutique du patient (ETP), qui vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique, est un des développements les plus prometteurs. L’ETP permet au patient d’acquérir des capacités de gestion du traitement, de renforcer sa motivation, d’améliorer l’adhésion au traitement, d’être plus autonome, de prévenir et limiter certaines complications dues à sa maladie et, enfin, d’améliorer sa qualité de vie. L’ETP fait partie des nouvelles missions du pharmacien depuis la loi Hôpital Patients Santé et Territoires (HPST) du 21 juillet 2009 – article 84 et, depuis cette date, de nombreux programmes sont organisés par des pharmaciens hospitaliers ou d’officine, mais également par des biologistes médicaux, ou même dirigés par eux en collaboration avec d’autres professionnels de santé, surtout en milieu hospitalier. De nombreuses maladies sont ciblées : diabète, maladies rénales, cardiovasculaires, cancers, hémophilie, sida, polyarthrite rhumatoïde, etc.
Quelles sont, parmi les missions du Cespharm, celles qui aident les officinaux dans leurs actions de prévention ?
Le Cespharm développe et entretient de nombreux partenariats avec les principaux acteurs de la santé (ministères, Agence nationale de santé publique [ANSP], Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [ANSM], Institut national du Cancer [INCa], Haute Autorité de santé [HAS], Agence de la biomédecine…), les sociétés savantes et les associations de patients. Ces liens étroits permettent au Cespharm de relayer auprès des pharmaciens les recommandations professionnelles et les campagnes de santé publique, d’anticiper et d’accompagner les changements en matière de prévention, et de promouvoir le bon usage du médicament. Des conventions de partenariat ont d’ores et déjà été signées pour des actions menées dans le domaine de la contraception d’urgence (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés [CNAMTS]) ou de la prévention du dopage (ministère chargé des Sports). Une convention cadre a été signée avec la toute nouvelle ANSP et des programmes annuels d’actions communes sont prévus afin notamment de formaliser les partenariats ANSP-Cespharm, et ainsi garantir une cohérence d’actions. Même chose avec la Délégation à la Sécurité Routière et la Direction Générale de la Santé pour familiariser les patients avec pictogramme de sécurité routière apposés sur les boîtes de médicaments. Nous avons également signé des conventions avec le Ministère des Sports pour minimiser le risque de dopage par la prise de compléments alimentaires ou de médicaments.
Concrètement, le Cespharm propose aux pharmaciens de nombreux services. Le Cespharm met à disposition des pharmaciens une sélection d’outils d’information, d’éducation ou de communication : brochures à remettre au public, affiches, documents d’information professionnelle, outils pédagogiques pour aider les pharmaciens dans leur rôle d’éducation du patient et, bientôt, outils numériques… par l’intermédiaire de son site internet (www.cespharm.fr) mais également dans les différents supports de communication de l’Ordre des pharmaciens (lettre électronique et Journal).
Le Cespharm relaie l’actualité en matière de santé publique, informant les confrères des nouvelles recommandations ou réglementations dans ce domaine, nouvelles campagnes, colloques ou manifestations… Et ceci via son site internet (www.cespharm.fr) mais également dans les différents supports de communication de l’Ordre des pharmaciens (lettre électronique et Journal). Ces outils sont accessibles au téléchargement sur le site internet du Cespharm et, pour la plupart, disponibles à la commande pour les pharmaciens. Ils permettent aux confrères d’actualiser leurs connaissances sur de nombreux sujets de santé publique, de sensibiliser, d’informer et d’éduquer les patients, et de relayer les campagnes nationales de santé.
Des services personnalisés sont également proposés. L’équipe du Cespharm assure un service de réponse téléphonique aux pharmaciens, d’accompagnement à la commande en ligne de documents et d’élaboration de dossiers documentaires afin de répondre de façon individualisée aux demandes des confrères.
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