Environnement et santé

L’Académie lanceur d’alertes sur les pollutions microbiologiques

Par
Publié le 21/04/2016
Article réservé aux abonnés
L’Académie nationale de pharmacie vient de consacrer une séance entière à la santé environnementale sous son aspect microbiologique. Un domaine dans lequel l’expertise de l’institution repose sur les nombreuses disciplines concernées relevant pour la plupart du domaine de formation et de recherche du pharmacien.
L’amélioration de la prévention passe par une évaluation scientifique des expositions aux...

L’amélioration de la prévention passe par une évaluation scientifique des expositions aux...
Crédit photo : Phanie

La séance de l’Académie de pharmacie du 13 avril 2016, plus particulièrement consacrée à l’évaluation des expositions humaines aux micro-organismes (virus, bactéries, champignons microscopiques, parasites), est venue compléter la séance de l’année passée consacrée à l’évaluation des expositions humaines aux agents chimiques.

Elle a permis d’évoquer, entre autres, l’importance des moisissures dans les habitats (des biocontaminants extrêmement répandus, intervenant non seulement dans la biodégradation de nombreux types de matériaux mais qui peuvent également être à l’origine de diverses pathologies, notamment respiratoires, comme des allergies, des infections ou des toxi-infections), les expositions microbiennes liées aux piscines (dans ce cas, la majeure partie des contaminants provient des usagers), susceptibles, là encore, d’être à l’origine de pathologies variées (infections cutanées ou de la sphère ORL, gastro-entérites…), le risque de contamination microbiologique auquel peuvent exposer les systèmes de climatisation et la problématique des réseaux de distribution d’eau.

L’expologie : un nouveau concept

Cette manifestation, qui réunissait d’éminents spécialistes des domaines abordés, a également été l’occasion de souligner l’importance de « l’expologie », un concept récent appelé sans nul doute à un grand développement. L’expologie est une nouvelle discipline scientifique correspondant littéralement à la science des expositions.

En pratique, celle-ci a pour objectif d’évaluer les expositions individuelles ou collectives des êtres vivants aux polluants, quelle que soit leur nature, en exploitant toutes les ressources des mesurages physicochimiques et biologiques ainsi que de la modélisation.

Autre notion à connaître, « l’exposome » correspond, quant à lui, à l’histoire de toutes les expositions tout au long de la vie, aux sources externes (pollutions, radiations, alimentation) et à tous les processus endogènes (inflammation, infection, microbiome – somme de tous les génomes des micro-organismes vivant à la surface ou à l’intérieur de l’organisme).

L’importance clé de l’évaluation des expositions

La science de l’évaluation des expositions représente le fondement même de la réflexion et de l’action en matière de pollutions, a-t-il été rappelé lors de cette réunion. Son objectif est d’améliorer la prévention.

La bonne connaissance des expositions aux polluants et aux contaminants microbiologiques constitue un enjeu majeur en santé environnementale. En effet, elle permet en épidémiologie d’établir des relations fiables de type dose-réponse, apportant des arguments solides en faveur de la causalité.

Elle représente aussi une étape clé dans la démarche d’évaluation des risques sanitaires afin de connaître les niveaux et la distribution de l’exposition au sein de la population, leur évolution dans le temps et dans l’espace et de fournir aux pouvoirs publics des éléments propres à les éclairer. Cette bonne connaissance des polluants permet ainsi l’adoption de mesures de réduction des expositions orientées vers les cibles prioritaires.

C’est ainsi, par exemple, que l’estimation de l’exposition peut être réalisée de manière collective par des mesures de la qualité des milieux (air, eaux, sols…) et des aliments ou, à l’échelle individuelle, par une approche indirecte consistant à pondérer les données de qualité des milieux en tenant compte des activités de chaque individu : lieux fréquentés, temps de présence, types et quantités d’aliments ingérés…

Enfin, une autre approche consiste à procéder à un mesurage personnalisé de la « dose externe » grâce à un capteur portatif, ou de la « dose interne » dans un matériel biologique (dosage du contaminant ou de ses métabolites dans l’air expiré, l’urine, le sang, les cheveux…).

D’après la séance de l’Académie nationale de pharmacie du 13 avril 2016.
Didier Rodde

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3259