Les cent ans de la guerre civile irlandaise

La triste fin du pharmacien William Kennedy

Par
Publié le 14/11/2019
Article réservé aux abonnés
À l’heure ou Européens et Britanniques tentent de mettre la dernière main à un « Brexit négocié » devant notamment, éviter le retour de tensions en Irlande du Nord, l’Irlande tout entière se souvient des années de violence et de guerre civile qui, il y a cent ans, précédèrent puis suivirent son accession à l’indépendance.
Irlande

Irlande
Crédit photo : dr

De 1916 à 1921, le conflit opposa les républicains irlandais de l’IRA aux Britanniques, puis dégénéra jusqu’en 1923 en guerre civile entre les différentes fractions républicaines. Installés en général au cœur des villes, les pharmaciens ont été nombreux à jouer un rôle lors de la guerre d’indépendance, et certains en furent aussi les victimes. Des officines servirent de « quartier général » plus ou moins clandestin aux Irlandais soulevés contre les Anglais : quelques-unes d’entre elles en subirent ensuite les conséquences, et furent détruites ou brûlées par l’armée britannique. Mais, même sans prendre clairement parti pour l’indépendance ou le maintien dans l’Union, beaucoup de pharmaciens furent confrontés au boycott de leur clientèle républicaine ou, au contraire, unioniste, en fonction de leur orientation politique réelle ou supposée.

Outre plusieurs milliers de combattants, soldats et policiers, de nombreux civils trouvèrent la mort entre 1916 et 1923, à l’image d’un pharmacien qui fut exécuté en 1921 pour avoir refusé de baisser son rideau lors des funérailles d’un leader indépendantiste mort des suites d’une grève de la faim dans une prison anglaise. Le quotidien « Irish Times » consacre ces jours-ci une série aux violences de la guerre civile à travers le pays, et évoque la mémoire de William Kennedy, prospère pharmacien installé à Carlow, au sud de Dublin. Le 25 octobre 1920, il fut sommé par l’IRA de fermer son officine le temps de cet enterrement, mais passa outre à cet ordre, ce qui lui valut, dans un premier temps, des menaces et des actes d’intimidation. L’IRA l’accusa ensuite d’être de mèche avec la police britannique, et le « condamna à mort » : il fut exécuté en pleine rue, devant chez lui, le 15 mars 1921. Après la guerre civile, il fut lavé du soupçon d’avoir été un espion anglais, mais les membres du commando qui l’assassinèrent ne purent jamais être identifiés précisément, et aucune poursuite ne fut entreprise…

Anecdote sinistre, parmi bien d’autres, la triste fin de William Kennedy rappelle que l’Irlande, aujourd’hui prospère, fut il y a un siècle le théâtre d’un conflit particulièrement brutal, lequel se poursuivit ensuite pendant plusieurs décennies en Irlande du Nord, avant que l’Europe, justement, ne favorise l’apaisement des relations entre les deux communautés.

DDB

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3557