« NOUS avons tous vécu un crash de disque dur, ou si ce n’est pas le cas, quelqu’un de notre entourage immédiat l’a subi. » Cette remarque de Sophie Roussel, directrice marketing et communication d’Alliadis explique la sensibilité naturelle que les pharmaciens ont pour la sauvegarde et la sécurisation de leurs données. Le disque dur d’un serveur crashe et voilà les données de la pharmacie parties en fumée. Les pertes de données dues à un accident, quel qu’il soit, panne du disque dur, vol, incendie etc… ne sont heureusement pas nombreuses. « Certes, ceux qui ne récupèrent rien sont rares, mais dès lors qu’on ne peut récupérer les données, les statistiques sont formelles, 80 % des entreprises qui se trouvent dans ce cas de figure mettent la clé sous la porte » souligne Cédric Mermilliod, directeur commercial d’Oodrive, un spécialiste de la sauvegarde en ligne. Et de toute façon, s’ils n’y pensent pas, les éditeurs se chargent de le leur rappeler.
« Dans le contrat, une clause précise qu’il faut faire des sauvegardes dans le cadre de la maintenance » évoque ainsi Franck Laugère, directeur général de CEPI Pharmavitale. Sauvegarder, oui, mais comment ? L’ensemble des éditeurs spécialisés dans la gestion d’officines ont des solutions, et le marché en propose également par ailleurs, elles se divisent globalement en deux catégories : la sauvegarde en local, sur le serveur ou d’autres supports mais toujours dans les locaux de l’officine, ou la sauvegarde externalisée qui permet quoiqu’il arrive de retrouver ses données puisque celles-ci sont sauvegardées sur un support extérieur. Ces dernières solutions ont le vent en poupe, la mode du « cloud computing » (l’hébergement externe des applications informatiques des entreprises) aidant.
Vérifier les fichiers copiés.
En local, les prestataires informatiques se sont débrouillés pour que les pharmaciens n’aient plus besoin de sauvegarder leurs données tous les jours sur des supports externes, comme des clés USB par exemple. La sauvegarde automatique sur des supports adaptés, des cartouches Tandberg le plus souvent, permet de décharger ainsi les officines de cette tâche fastidieuse. « Nous préconisons les lecteurs Tandberg qui permettent des sauvegardes très rapides et automatisées » précise Virginie Boissier, responsable marketing d’ASP Line. Idem pour Alliadis avec son offre « Auto Save ». « Ce système ne se contente pas d’enregistrer les données, il vérifie la bonne concordance des fichiers copiés avec les originaux » explique Sophie Roussel.
La gestion de la sauvegarde induit un certain nombre de prestations nécessaires pour faire en sorte que le processus soit fait de manière efficace. « Il faut un système qui gère au mieux les données, comme par exemple surveiller la taille de la base de données, car quand celle-ci est trop grosse, le logiciel est moins réactif » explique Franck Laugère. La question de savoir quoi sauvegarder et comment le faire n’est pas anodine car elle conditionne les volumes de stockage nécessaires. C’est ainsi que la société Kiwi Back up explique dans un communiqué de presse que « l’incrémental octet ne traite que les fichiers modifiés et ne transfère donc que les modifications réalisées par les utilisateurs. Il en résulte un taux de transfert journalier inférieur à 1 % du volume source sauvegardé. »
Autre système de plus en plus souvent proposé par les éditeurs, comme Pharmagest ou CEPI, le serveur NAS (Network Attached Storage). C’est un serveur dont la fonction principale est justement de stocker et protéger les données ailleurs que dans le serveur auquel il est relié par réseau. Ce serveur peut être dans les locaux de l’officine, mais placé loin du serveur principal, à un étage différent par exemple, ou encore ailleurs que dans l’officine. « Il est possible de connecter un petit disque dur externe au serveur NAS de l’officine afin de disposer d’une sauvegarde externe » ajoute Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. Une façon de relier la sauvegarde des données à l’extérieur de l’officine, perçue comme étant la meilleure protection possible.
Les éditeurs se positionnent.
De ce point de vue, les solutions les mieux adaptées sont tout simplement liées à l’hébergement et donc la protection des données hors des locaux de l’officine. Conviennent-elles pour autant au profil des officines ? Oui, répond sans ambage Cédric Mermilliod. « La majorité des TPE et des PME ont besoin de protéger leurs données qui se trouvent le plus souvent sur un seul site. Dès que l’on dépasse une certaine taille, les entreprises ont l’habitude de faire de la redondance. » Les éditeurs spécialisés dans la gestion d’officine s’y sont donc mis. Ainsi Winpharma a-t-il lancé son offre WinSauvegarde qui permet « aux données de l’officine d’être sauvegardées, cryptées, en temps réel hors de l’officine sur un serveur à distance » précise Bénédicte Karpov, présidente du réseau Winpharma.
Alliadis de son côté propose par l’intermédiaire de son offre Dataprotect la possibilité d’envoyer les données cryptées vers deux centres de sauvegarde externe. Et ASP Line offre la possibilité d’enregistrer les données de gestion à deux endroits différents, « sur un boîtier installé dans la pharmacie et sur un serveur Cloud situés dans des centres de données ultra-sécurisées en France » selon Virginie Boissier. Pharmagest enfin s’apprête à lancer son offre d’hébergement durant le second semestre de l’année. Les éditeurs ont d’autant plus intérêt à se positionner sur ce marché que les offres généralistes tendent à séduire certains pharmaciens. « Nous avons environ 200 clients pharmaciens par l’intermédiaire de nos revendeurs » révèle ainsi Cédric Mermilliod. « Il n’y a pas de spécificités propres au métier d’officine » ajoute-t-il. D’autres prestataires comme la société Convilog ciblent entre autres les pharmaciens avec sa solution Sauve FTP pro, à ceci près que cela ne concerne que les données hors système de gestion, « les volumes sont trop importants, sinon » justifie Yves Piot, chef de projet. Malgré ce handicap, des officines se sont tournées vers cette solution. Et il existe d’autres offres sur le marché.
Une certification utile.
Le critère discriminant pour un tel choix dépend d’éléments techniques, le premier d’entre eux étant sans doute la connectivité. « Il faut du haut débit sécurisé » avertit Sophie Roussel, qui tient à faire une distinction entre l’hébergement et le « cloud computing ». L’hébergement, ou mode Saas, évoque un seul lien avec le serveur à l’extérieur de l’entreprise, le cloud implique des accès à partir de n’importe où. De fait, le cloud n’est pas encore une technologie très utilisée pour la gestion des officines. Mais la question du haut débit se pose néanmoins même pour un hébergement classique. De plus, les pharmaciens peuvent s’interroger à bon droit sur la sécurité et la fiabilité des serveurs dans lesquels sont abritées leurs données. Le cryptage des données est un élément important de sécurité et les prestataires préconisent de crypter les données de bout en bout, si possible selon une clé de cryptage propre au pharmacien. Les prestataires doivent convaincre de la qualité des infrastructures qu’ils utilisent et de la partition, c’est-à-dire de la façon sont organisés les espaces de stockage de leurs différents clients.
Certains possèdent leurs propres serveurs à l’image de Pharmagest qui a investi pour disposer de ses infrastructures. Un élément important va permettre aux pharmaciens de mieux faire leur choix, c’est l’existence d’un agrément, Hébergeur de Santé (HDS), délivré par l’ASIP Santé, un organisme dépendant du Ministère de la santé. Pharmagest a obtenu cet agrément au début de cette année et d’autres prestataires sont actuellement en procédure d’accréditation, comme Oodrive ou ASP Line. Cette certification sera bientôt obligatoire et se base sur la qualité de « l’architecture de l’infrastructure, le cryptage des données, la qualité de service » selon Jérôme Lapray. « Il faut également se soumettre à un audit tous les ans » ajoute-t-il. « Une certification très contraignante qui nécessite des années de travail » précise Virginie Boissier. Mais qui facilitera les décisions des pharmaciens.
Autre critère discriminant, les tarifs. Peu nombreux ont été les prestataires à dévoiler leur tarification. Difficile dans ce contexte de savoir ce qu’un hébergement externe coûte par rapport à une sauvegarde en local. Un serveur NAS peut se révéler être assez cher, mais il faut comparer avec les tarifs d’un hébergement qui se fait sous forme d’abonnement mensuel en fonction de l’espace loué dans un serveur. À titre d’exemple, Oodrive propose un premier niveau de sauvegarde pour 85 euros par mois, avec un espace oscillant entre 5 et 10 Go.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion