La tactique du moustique

SI VOUS DEMANDEZ au chercheur David Hu quelle mouche l’a piqué pour qu’il se lance dans une telle étude, il vous répondra : un moustique ! C’est lors d’un orage d’été que l’idée lui est venue. Ce soir-là, en dépit de la violence de l’ondée, un moustique avait atteint au front son jeune fils de six mois. Comment l’insecte avait-il résisté aux chocs répétés et violents des gouttes de pluie ? C’est avec une caméra ultrarapide que le scientifique a tenté de le comprendre. À l’image, le comportement des frêles anophèles soumis à un déluge artificiel en vase clos est étonnant : la collision avec une goutte propulse le moustique sur une distance équivalente à 13 fois sa longueur. Miraculeusement indemne, l’insecte parvient à se détacher de la goutte en prenant la tangente pour atterrir sans dégât sur les parois du récipient. Au total, si le moustique survit à l’impact, c’est à sa faible masse - environ 2 milligrammes - mais aussi à son exosquelette particulièrement résistant qu’il le doit. « Tout se passe comme si le moustique choisissait non pas d’éviter les gouttes, mais de se déplacer passivement avec elles plutôt que de leur résister », explique David Hu. Absorber les chocs répétés pour rebondir et, finalement, s’en sortir, voilà une belle leçon de stratégie, à méditer…