« Prescrire » publie le bilan des « médicaments à écarter pour mieux soigner », sur la base d’analyses publiées dans la revue au cours des années 2010 à 2016. Ce bilan est disponible en accès libre sur le site www.prescrire.org.
« L'objectif est d'aider à choisir des soins de qualité, pour d'abord ne pas nuire aux patients et pour éviter des dégâts, avance Bruno Toussaint, directeur éditorial du journal. Après Vioxx, Mediator, les pilules de troisième génération, la Dépakine, l’Uvestérol, évitons de nouvelles victimes en n’utilisant pas, voire en retirant du marché, ces médicaments. »
Au total, le bilan recense 91 médicaments autorisés en Europe, dont 82 en France, qui sont à retirer du marché en raison de leur nocivité, selon la revue. Ces médicaments appartiennent à des domaines aussi variés que le diabète, la douleur, l’arthrose, la maladie d’Alzheimer, la dépression, les affections ORL, etc.
La revue cite en exemple, les vasoconstricteurs utilisés dans le rhume, qui exposent à des risques disproportionnés (trouble cardiovasculaire grave, voire mortel). Ou les mucolytiques tels que l’ambroxol et la bromhexine, qui ont une balance bénéfice risque défavorable, n’ayant pas d’efficacité clinique démontrée au-delà du placebo et exposant à des réactions d’hypersensibilité et de troubles cutanés graves. « Ces effets indésirables, même rares, sont disproportionnés pour soulager des maux de gorge ou des toux », commente Bruno Toussaint.
Inertie
Malgré leur dangerosité, ces médicaments sont encore sur le marché. Durant l’année 2016, un seul médicament qui figurait dans le bilan de « Prescrire » a cessé d’être commercialisé : la pégloticase dans la goutte sévère, pour laquelle le laboratoire a demandé le retrait de l’autorisation de mise sur le marché européen. Mais en règle générale, on ne peut que constater « la persistance des firmes à les commercialiser et l’inertie des agences du médicament qui tardent à les interdire totalement, ce qui expose les patients à des risques injustifiés », s’indigne Bruno Toussaint. On note seulement, en cinq ans, quelques dizaines de suspensions ou retrait d’AMM (méprobamate, dérivés de l’ergot de seigle, indoramine, floctafénine, dompéridone mais seulement au dosage de 20 mg), quelques arrêts de commercialisation par les laboratoires (Praxinor, Hexaquine, Quinine vitamine C Grand, fer dextran, asénapine). Enfin, on recense quelques déremboursements lents et parfois contestés en justice (ranélate de strontium, kétoprofène gel, olmésartan, etc.). Des mesures lentes et parcellaires, notamment au niveau européen.
Pas de pilule d’or
En 2016 aucune Pilule d'Or n'a été décernée par « Prescrire », mais deux médicaments ont été primés en cancérologie : le nivolumab (Opdivo) en monothérapie chez certains patients atteints d'un mélanome ou d'un cancer bronchique, et le tramétinib (Mekinist) associé avec le dabrafénib (Tafinlar) dans le mélanome. Ces médicaments ont permis d'allonger en moyenne de quelque mois la durée de vie, mais avec de nombreux effets indésirables graves, parfois mortels. En 2016, « on observe donc encore peu de progrès thérapeutiques, si ce n'est quelques avancées légères en cancérologie », conclut Bruno Toussaint.
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