Marché OTC en Suède

La libéralisation des pharmacies a-t-elle favorisé l’envol des prix ?

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Publié le 23/01/2017
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Entreprise en 2009 pour se conformer à la législation européenne, la privatisation des pharmacies suédoises était censée améliorer la répartition des officines et la qualité des services, mais aussi faire diminuer les prix, y compris en libéralisant totalement le marché des OTC. Huit ans plus tard, il semble au contraire que ces derniers aient bien plus augmenté qu’à l’époque où ils étaient strictement encadrés au sein du monopole.

Dès 2014, des enquêtes officielles ont montré que la plupart des créations, qu’elles soient le fait de l’ancienne chaîne de pharmacies d’État désormais privatisée ou des autres grandes chaînes privées se partageant avec elle le marché, se sont faites dans des grandes villes au détriment des zones isolées qui, elles, ont perdu au contraire de nombreux points de ventes. Les créations indépendantes ont été très rares, et, selon ces études, la qualité du service n’a guère progressé et les ruptures de stock ont augmenté… De plus, les conditions de travail des pharmaciens et du personnel officinal se sont plutôt dégradées avec, notamment, une influence croissante des impératifs commerciaux sur le conseil pharmaceutique.

Alors que les études de 2014 faisaient part d’une relative baisse des prix, une enquête qui vient d’être publiée par le journal pharmaceutique « Dagens Apotek » montre, au contraire, que les prix des OTC ont subi des augmentations allant jusqu’à 50 % par rapport à 2009, soit nettement plus que l’inflation sur la période. Sur 105 produits OTC étudiés, seulement 11 sont moins chers aujourd’hui (inflation déduite) qu’en 2009. Et parmi les 94 produits ayant augmenté, une pommade ophtalmologique a vu son prix doubler et un sirop contre la toux a augmenté de 60 %. La revue constate que ce sont les médicaments les moins demandés qui augmentent le plus, alors que la concurrence fait rage au sein des OTC les plus vendus. Ceux-ci sont disponibles dans les 1 300 pharmacies du pays, mais aussi dans plus de 6 000 points de vente, depuis les parapharmacies et les supermarchés jusqu’à certaines stations-service. Si l’étude ne détaille pas les différences de prix entre les différents canaux de vente, elle confirme en tout cas que l’argument selon lequel une libéralisation « donne du pouvoir d’achat » ne se confirme pas en dehors de quelques produits spécifiques, qui sont souvent les arbres qui cachent la (profonde) forêt (suédoise).

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3319