D’ABORD développé aux États-Unis à partir de l’année 2005, ce concept de gestion thérapeutique a été traduit en France par « conciliation médicamenteuse ». Il correspond à un processus ordonné visant tant à améliorer la qualité de la thérapeutique qu’à diminuer l’iatrogénie médicamenteuse, liées à l’entrée et/ou à la sortie d’un établissement de soins (voire aux transferts d’un service à un autre). Chacune de ces étapes représente en effet autant de points de rupture à haut risque pour le traitement médicamenteux du patient. On sait que la possibilité d’une perte d’information en ce domaine (d’autant plus à craindre que l’hospitalisation se déroule dans un contexte d’urgence) peut avoir de très funestes conséquences.
La pharmacienne Édith Dufay exerce au sein du service pharmaceutique du Centre hospitalier de Lunéville, qui a été le premier site pilote en France à développer une telle approche à partir de 2010 - rejoint depuis par 7 autres établissements : Centre hospitalier de Compiègne, Centre hospitalier de Saint Marcellin, Clinique privée de Moutiers-Rozeille, CHU de Nîmes, CHU de Grenoble, CHU de Strasbourg et Hôpital Bichat - Claude Bernard à Paris. La pharmacienne hospitalière explique que la décision de mettre en œuvre en France une telle démarche a été prise par la Haute Autorité de santé dans le cadre d’une adhésion à deux thèmes du programme de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) dénommé « High 5s ». Prévu pour se terminer en 2015, ce programme concerne 5 thèmes de santé publique, qui sont autant de situations susceptibles d’entraîner des dommages chez le patient au titre d’effets indésirables graves.
Chasse aux informations : une course d’obstacles.
« Tout le monde cherche l’information sur les traitements du patient au moment de son hospitalisation et le même problème se pose lors de sa sortie, avec, en plus, un fréquent et important retard d’information du médecin traitant », souligne Édith Dufay.
Pour des raisons pratiques, Édith Dufay et ses collaborateurs ont décidé de se limiter aux patients de 65 ans et plus hospitalisés après passage aux urgences, ce qui représente environ 2 500 malades par an. « Nous avons étudié la capacité informationnelle de 14 sources d’informations différentes, la meilleure d’entre elles étant représentée par les pharmaciens d’officine, grâce à leur logiciel métier et, bien entendu, au dossier pharmaceutique (DP), auquel nous pouvons d’ailleurs également accéder », indique Édith Dufay.
Il ressort d’une étude à paraître prochainement, que les officinaux de Lunéville permettent d’identifier près de 90 % des lignes de médicaments pris par le patient, contre environ 65 % pour le médecin traitant et seulement 29 % selon les déclarations du patient lui-même.
Des résultats très positifs.
Les pharmaciens du Centre hospitalier de Lunéville parviennent à déterminer en 24 heures la totalité des traitements antérieurs à l’hospitalisation pour 55 % des patients et pour 20 % en 48 heures. Un délai plus long étant nécessaire pour ce qui est des 25 % restants. Depuis 2010, 4 151 erreurs médicamenteuses ont été interceptées et corrigées lors de l’admission à cet établissement pour la catégorie des 65 ans et plus. Autre chiffre très parlant : près de 60 % des patients présentent au moins une erreur médicamenteuse au moment de l’admission en raison de déficiences dans la transmission des informations.
Enfin et surtout, la mise en place de la conciliation médicamenteuse a permis de diminuer d’environ 30 % le taux de réhospitalisation à 30 jours chez les patients en ayant bénéficié.
Une nouvelle étape a été franchie au cours de cette année au Centre hospitalier de Lunéville avec la mise en œuvre de la conciliation médicamenteuse de sortie qui prévoit la transmission immédiate de la lettre de sortie au médecin traitant et au pharmacien du patient.
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