QUAND, après ses études de pharmacie, Jean Milhau cherche une officine pour s’installer, le hasard met sur ses pas l’unique pharmacie de Cazal dont le titulaire vient de décéder. Sa veuve lui demande d’assurer l’intérim, puis lui transmet l’officine. Est-ce vraiment un hasard ? Le pharmacien qu’il remplace était aussi maire et conseiller général. « On m’a demandé de participer au conseil municipal », se souvient-il. Premiers pas d’une carrière politique qui va s’avérer longue, riche et constante. Dès 1965, Jean Milhau devient maire de Cazal, et, à nouveau, comme un étrange signe du destin, on lui demande de remplacer un conseiller général qui vient de décéder. Maurice Faure, président du conseil général du Lot, lui propose alors d’en devenir vice président. Une collaboration dont Jean Milhau garde un excellent souvenir. « Il m’a appris le désintéressement », souligne-t-il. Puis, Maurice Faure étant appelé à d’autres fonctions, Jean Milhau le remplace à la présidence du conseil général. « Il y a eu un consensus autour de mon nom », évoque-t-il, ajoutant que « lors du renouvellement de ce mandat, les appétits s’étant aiguisés, cela fut plus difficile ». Mais la difficulté ne fait pas vraiment partie de ce destin tout tracé. « Les choses se sont déroulées naturellement », constate-t-il. Jusqu’à sa participation au Sénat, où là encore, le destin lui réserve un nouveau clin d’œil en l’obligeant à remplacer en 2008 un sénateur décédé dont il était suppléant. « Je me suis toujours demandé d’où les choses arrivaient », sourit-il. Mais en 2011, il ne se présente pas à sa succession. « J’ai 82 ans », justifie-t-il.
La pharmacie est un confessionnal.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Si ce parcours paraît avoir été facile, c’est peut-être parce qu’il a répondu à une aspiration profonde. « La vie politique locale m’a passionné », affirme Jean Milhau. À Cazal, petite commune de 600 habitants environ, être l’unique pharmacien permet de côtoyer les problèmes des gens. « On n’y parlait pas que médicaments, rappelle-t-il. Je suis persuadé qu’une pharmacie en milieu rural peut avoir un rôle qui dépasse celui de l’officine au sens strict, la pharmacie, c’est aussi un confessionnal. » Cela lui a donné de multiples occasions d’améliorer la vie de ses concitoyens dans un milieu pas toujours facile, de préparer aussi les lois sur la décentralisation dans les années 1980. Son épouse, qui a passé un brevet de préparatrice, et, plus tard, son associé au sein de l’officine, l’ont aidé à vivre ces deux existences professionnelles, loin d’être aussi imperméables l’une à l’autre comme on aurait pu l’imaginer.
Son aventure au Sénat est d’une autre nature. Il avait déjà cédé ses parts dans la société qui gérait son officine avec son associé, et cela en 2005, quand l’occasion s’est présentée de siéger à la chambre haute. Trois années passées en tant que radical de gauche dans le groupe RDSE (rassemblement démocratique social et européen), durant lesquelles il a beaucoup appris sur le travail du Sénat. « J’ai été impressionné par la quantité de travail assumée par les sénateurs, notamment dans le cadre des commissions, et c’est quelque chose qui n’est pas pris en compte à sa juste valeur. » Il a également apprécié la liberté de parole dont on y bénéficie. Mais il regrette en revanche que, « lorsque l’on est dans l’opposition, on n’est pas écouté. Or l’opposition, dans tout système démocratique, a des choses à proposer ». Une absence d’écoute qui, selon lui, est systématique, quelle que soit la majorité au pouvoir. Ce passage au Sénat a été une période enrichissante, mais sa vraie vie politique a été celle qu’il a menée au niveau local. Celle qui lui laisse les meilleurs souvenirs.
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