Le Tour de France des URPS

Ile-de-France : déployer et pérenniser les actions

Publié le 23/11/2015
À périmètre identique, la région Ile-de-France comptera désormais moins d’élus en raison de la perte d’une cinquantaine d’officines depuis 2010. C’est dire si les cinq années à venir vont être intenses pour une URPS qui détient déjà plus d’une vingtaine de projets à son actif. Bien qu’elle soit l’une des rares régions à ne pas subir le redécoupage, cette URPS n’en devra pas moins affronter les changements induits par la construction du Grand Paris.

Inscrire le pharmacien dans le PAERPA, un dispositif dédié à la prise en charge des personnes âgées, l’information sur la contraception en interprofessionnalité, ou encore la carte de coordination des soins, mais aussi l’application Mon Pharmacien qui permet à la population de trouver la pharmacie accessible la plus proche 24 heures/24… Les élus de l’URPS pharmaciens d’Ile-de-France ne dénombrent pas moins de 26 réalisations à leur actif.

Difficile pour Renaud Nadjahi d’élire sa plus belle opération à l’issue de ces cinq années d’exercice à la tête de l’URPS. « La mise en place de l’application Mon pharmacien est sans aucun doute celle qui aura été de loin la plus impactante. Les 100 000 connexions que nous nous étions assignées en un an ont été atteintes en six mois ! » expose-t-il, tout en ajoutant que d’autres actions moins médiatisées, comme le TROD angine, le programme Optimasthme, ou encore l’accompagnement interprofessionnel du diabète, ont eu le mérite « de positionner le pharmacien dans la chaîne de soins ».

Dans la plupart de ces expérimentations, les pharmaciens se sont placés en figure de proue de « l’interpro ». Rien n’était gagné pourtant quand, en 2010, les élus se sont retrouvés face à Claude Évin, le directeur de l’ARS Ile-de-France. Cinq ans plus tard, les membres de l’URPS pharmaciens ne peuvent que se féliciter d’un travail constructif avec l’ancien ministre de la Santé qui les a appuyés dans leurs initiatives.

Un pharmacien plus visible

Il faut souligner le consensus fructueux qui a régné dans cette URPS où les trois syndicats ont su dépasser leurs clivages. L’ébullition et la passion ont marqué ces cinq années. La preuve en est que trois de ses représentants sont aujourd’hui tête de liste, prêts à rempiler pour un nouveau mandat. De l’avis de ses membres, l’URPS doit à son président d’avoir su les emmener vers des réalisations concrètes qui ont donné davantage de visibilité aux pharmaciens. « L’URPS est une entité extraordinaire. Elle seule permet à ses membres de pénétrer dans de multiples institutions et de démontrer le rôle du pharmacien. Nous y sommes également parvenus auprès des autres professionnels de santé, à défaut de pouvoir nous rendre totalement indispensables, nous avons prouvé que nous remplissions notre rôle de premier recours », décrit Frédéric Loup, premier sur la liste de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui regrette que cette instance reste méconnue de la plupart de ses confrères.

Le pari du Grand Paris

Même constat pour Jean Schies, vice-président sortant et qui conduit la liste de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Alors qu’il tire un bilan enthousiaste de ces cinq années d’« expériences enrichissantes », il ne peut s’empêcher de regretter que les pharmaciens n’aient pas eu davantage connaissance du rôle et des réalisations de leur URPS. Le candidat UNPF inscrit donc le thème de la communication à un programme qui s’annonce déjà bien chargé.

Il va falloir en effet « entrer dans le dur », comme l’annonce Renaud Nadjahi, candidat à sa propre succession sur la liste de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui tient à « déployer et pérenniser les projets initiés ».

L’enjeu est d’autant plus ambitieux que, en raison de la fermeture de 50 officines depuis 2010 et de la perte de 100 titulaires, l’URPS devra composer avec 18 élus au lieu de 24. Cette baisse d’effectifs aura sans aucun doute des retombées financières sur l’URPS qui, jusqu’à présent, pouvait compter sur un budget annuel de 600 000 euros, dont 480 000 euros assurés par une contribution obligatoire des titulaires.

L’URPS d’Ile-de-France ne devrait cependant pas perdre de son envergure. Bien au contraire. Le projet du Grand Paris risque même de lui ouvrir de nouveaux chantiers. Comme le remarque Frédéric Loup, cette reconfiguration territoriale ne manquera pas d’avoir des répercussions sur le réseau de soins, sur la conférence de territoire, ou encore sur les déserts médicaux. Un chamboulement qui est aussi une opportunité pour la prochaine URPS d’élargir encore davantage son champ d’action.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3219