C’EST UNE PHILHARMONIE en chantier qui accueille sa première saison, ceci expliquant l’absence remarquée de son architecte Jean Nouvel. Ce dernier avait fait savoir, dans un cinglant article paru dans « le Monde » le jour même de l’ouverture, qu’il la jugeait « prématurée » et évoquait le « mépris » dont il aurait été l’objet pendant la conduite du chantier, qui a accumulé les retards depuis son lancement en 2006. Autre absent, le plus ardent défenseur du projet, le chef d’orchestre et compositeur Pierre Boulez, bientôt 90 ans et souffrant depuis quelques mois. On ne reviendra pas sur la difficulté d’accès de ce site pour des spectateurs du centre de la capitale. Son accessibilité locale reste assez sportive, avec un long trajet depuis l’entrée du Parc, environ 200 m à découvert sur un sol irrégulièrement pavé, et de nombreux escaliers et escalators pour monter à la salle et redescendre à sa place. Avec les portiques de sécurité à passer, il faut compter environ un quart d’heure entre l’arrivée à la Porte de Pantin et son fauteuil. Mais cela en vaut la peine, car la salle de 2 400 places est très belle, avec de chaudes tonalités, une assise confortable et une réelle impression de proximité de l’orchestre. Si l’on compare avec l’Auditorium de Radio France inauguré récemment, l’impression est moins intime, la salle étant plus imposante, et la scène plus centrale de Radio France est une plus belle réussite. Les dégagements sont encore impersonnels. Mais il est trop tôt pour juger l’ensemble du bâtiment, puisque toujours en chantier.
Une acoustique prometteuse.
Si le programme du premier concert était composite, avec un mélange d’œuvres du répertoire et de musique contemporaine, y compris une création mondiale de Thierry Escaich, celui du deuxième était traditionnel, le type même de ce que l’on pouvait entendre le plus couramment au siècle dernier. Trois œuvres orchestrales tout à fait idéales pour faire valoir une acoustique encore perfectible mais déjà prometteuse. Les musiciens devront apprendre à se servir de cet instrument de haute précision qui ne comprend pas moins de 17 configurations acoustiques différentes.
Autant les « Danses polovtsiennes » d’Alexandre Borodine que la « Symphonique Fantastique » d’Hector Berlioz étaient propres à faire briller l’Orchestre de Paris, la phalange en résidence dans ce bâtiment, autant dans ses individualités que dans sa sonorité de groupe. Belle réverbération et qualité des cordes très chaudes et moelleuses dans les grandes envolées romantiques de la « Fantastique » et même qualité des vents et des bois, qui sont la grande spécialité de cet orchestre, dans les deux œuvres. On a surtout une très agréable sensation d’enveloppement par la musique, qui tranche avec ce que l’on vivait salle Pleyel, dont l’acoustique était plus froide et monolithique.
On n’a en revanche été séduit ni par l’interprétation du « Concerto pour piano n°1 » de Tchaïkovski, ni par le curieux choix d’un pianiste chinois pour cette inauguration. Star internationale, certes, mais au goût musical très contestable, Lang Lang a fait une fois de plus preuve d’un penchant immodéré pour la pose et la recherche d’effets, avec une virtuosité incontestable mais une sonorité toujours dure et outrée. Il faudra attendre une autre occasion pour juger de l’effet du roi des instruments dans cette salle, ce que l’on a entendu là étant trop caricatural.
Les semaines et mois qui viennent affichent une riche programmation, avec la suite de la saison de l’Orchestre de Paris, de nombreux concerts symphoniques, de musiques du monde, de jazz ou pour le jeune public, ainsi que la venue de la grande exposition consacrée à David Bowie.
Tél. 01.44.84.44.84,
www .philharmoniedeparis.fr.
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