Le Quotidien du pharmacien. Le développement des chaînes de pharmacies que vous observez à travers l’Europe répond-il à un besoin des pharmaciens d’exercer leur profession différemment, des consommateurs de consommer autrement, ou encore, des grossistes répartiteurs qui y voient une opportunité de croissance ?
Hélène Charrondière. Plus de 40 % des pharmacies en Europe sont aujourd’hui affiliées à des réseaux d’indépendants et à des enseignes, dont un quart est intégré à des chaînes. Ce développement est une tendance de fond de la distribution pharmaceutique en Europe. Il résulte principalement des stratégies de diversification menées par les grands groupes de distribution pharmaceutique (Alliance Boots, Celesio, Phoenix et Doz AS notamment), mais aussi de l’intérêt que portent certaines enseignes de la grande distribution pour la distribution officinale.
Elles aussi développent leurs propres chaînes de pharmacies (Tesco, Sainsbury, Morrison, Asda Wal-Mart, Waitrose, Coop…). La distribution officinale est une activité nettement plus profitable que la répartition pharmaceutique, dont la rentabilité de cesse de reculer depuis une dizaine d’années. Sur les principaux marchés d’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie et Pays-Bas), la marge générée par la répartition a ainsi reculé de 30 points entre 2001 et 2014.
Doit-on s’attendre à une accélération de ce mouvement ? Le business model de ces chaînes intégrées est-il capable de garantir la pérennité du réseau officinal ou, au contraire, doit-on redouter une concentration du marché ?
Cette évolution devrait se poursuivre dans les années à venir, sans pour autant s’accélérer de manière significative. Il n’y a pas actuellement de mouvements puissants en faveur d’une libéralisation de la distribution officinale et d’une concentration importante des réseaux officinaux autour de ces chaînes intégrées. L’organisation des pharmaciens indépendants en réseaux dits de commerce associé est une tendance toute aussi importante.
Les business models des chaînes de pharmacies sont solides, d’autant qu’elles prennent le virage du multicanal (création de sites de vente en ligne, digitalisation des points de vente) et d’une offre de services diversifiée. Des orientations stratégiques en phase avec les nouveaux comportements d’achats.
Pensez-vous que l'ouverture du capital puisse à nouveau être à l'ordre du jour comme il avait été évoqué, en France, par le rapport de l'IGAS l'année dernière, et de manière plus générale dans les pays européens qui n’ont pas encore franchi cette étape ?
Au cours de ces dernières années, il a été rappelé à plusieurs reprises que l’organisation de la distribution de détail relève de la prérogative des États membres de l’UE. De même que, dans les autres pays, l’ouverture du capital des officines à des non-pharmaciens, si elle devait avoir lieu en France, relèverait d’une décision de l’État français. Cette question n’est pas à l’agenda politique. Elle susciterait par ailleurs une très vive opposition de la profession officinale. Il ne me semble pas qu’elle soit à l’ordre du jour.
*Auteure de l’étude « La distribution pharmaceutique en Europe. Globalisation des organisations et transformation digital : les nouveau défis des grossistes répartiteurs et des pharmaciens d'officine » Les EchosEtudes février 2017.
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