PENDANT UN AN et huit mois, Guillaume Brun, étudiant en 5e année de pharmacie à Dijon, va mettre ses études entre parenthèses. Le 2 septembre, il part pour un tour du monde des officines. Tout commence en décembre 2011, lorsqu’il envisage de partir plusieurs mois à l’étranger. L’itinéraire est rapidement mis en place, même s’il est encore modifié au fur et à mesure que le temps passe. « J’ai très peu voyagé. J’ai participé au 4L Trophy 2010, puis j’ai fait un stage à Londres en avril 2012. J’ai découvert une autre façon de pratiquer à l’officine, grâce à un pharmacien français qui s’y est installé », explique Guillaume Brun. Deux expériences qui ont contribué à faire évoluer l’idée du voyage, devenu tour du monde, puis rencontres avec des pharmaciens de près de 40 pays différents. « C’est à Londres qu’on m’a suggéré de faire ma thèse sur ce voyage, ce qui n’a jamais été fait. La plupart des pharmaciens ne savent pas la façon dont on pratique ailleurs et c’est un aspect qui me tient à cœur : transmettre aux confrères. Cela sera fait à travers ma thèse, les réseaux sociaux, le blog que j’ai mis en place (mapharmacieduboutdumonde.com). »
Le départ se fera de Dijon, au guidon d’une BMW F700GS, une moto idéale pour aller là où voitures et bus ne passent pas. « On peut tout faire avec une moto, on peut la mettre dans l’avion et son budget est plus accessible », souligne l’étudiant qui a prévu quatre transferts en avion. Au programme : Italie, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie, Turquie, Irak, Jordanie, Égypte et Inde pour l’année 2013. En 2014 : Népal, Thaïlande, Laos, Chine, Vietnam, Cambodge, Malaisie et Indonésie. Fin du voyage asiatique en août où il bifurque vers l’Australie, pour ensuite attaquer l’Amérique du sud : Chili, Argentine, Brésil, Bolivie, Pérou, Équateur et Colombie. L’Amérique Centrale n’est pas oubliée : Panama, Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Guatemala, puis l’Amérique du Nord avec le Mexique en janvier 2015, les États-Unis et le Canada jusqu’à fin avril. Un itinéraire qui prend en compte les envies de découverte de l’étudiant, les pays qui le font rêver, et la situation géopolitique des pays traversés. L’Afrique, par exemple, ne permettait pas une traversée sécurisée, la route est difficile pour un homme seul en moto. Il tenait néanmoins absolument à passer par l’Égypte, ce qui l’oblige à un détour par l’Irak du nord pour éviter la Syrie.
Budget serré.
« Ma préparation passe par la lecture de nombreux blogs de voyages. Il est intéressant de voir ce que d’autres ont choisi comme parcours, les difficultés rencontrées, c’est une énorme source d’informations. J’ai ainsi rencontré quelqu’un qui a fait quasiment le même itinéraire, avec une moto similaire à la mienne, il va me donner des conseils en lien avec les problèmes mécaniques auxquels il a fait face. »
Guillaume Brun a calculé son budget au plus serré : 35 000 euros, dont 30 000 euros de prêt bancaire. Sa formation de pharmacien en section industrie, ses précédentes fonctions de vice-président Partenariats de l’Association bourguignonne des étudiants en pharmacie de Dijon (ABEP), la préparation au 4L Trophy, la réalisation du forum des carrières pharmaceutiques de la faculté de pharmacie de Dijon… lui ont donné le réflexe de chercher sponsors et partenariats. Et de moduler son voyage en fonction des coûts à prévoir sur place. « Je ne fais que passer dans certains pays pour cette raison. Je collabore avec l’association internationale des étudiants en pharmacie, qui me fournit des contacts dans les pays que je traverse, à la fois pour être hébergé, m’aider à identifier des pharmaciens locaux et à échanger avec eux, car tous ne seront pas à l’aise avec l’anglais. »
À deux mois du départ, l’excitation prend le pas sur le plaisir des préparatifs. Excepté pour la maman de Guillaume. « J’ai beaucoup attendu avant de parler de mon projet à mes parents, je voulais leur présenter quelque chose de très construit et pouvoir répondre à toutes leurs interrogations. Ma mère commence à se faire à l’idée ; mon père a été étonné mais il est ravi pour moi. Aujourd’hui, les technologies nous permettent de rester connectés, j’ai créé un site Internet que j’actualiserai en fonction de ma position et j’ai accepté, à la demande de mes parents, de porter une balise GPS. »
Retour prévu fin avril 2015, pour préparer le diplôme de pharmacien.
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