AU LENDEMAIN de l’élection de François Hollande à la tête de l’État, beaucoup de ceux qui n’ont pas voté pour lui s’inquiètent. Les pharmaciens, qui avaient majoritairement manifesté leur préférence pour le président sortant*, font partie de ceux-là. Ce n’est pas tant la politique de santé et de protection sociale annoncée durant la campagne qui nourrit une certaine appréhension parmi la profession que les réformes fiscales prévues, susceptibles d’écorner les patrimoines. Les semaines qui viennent devraient permettre à cet égard de vérifier si ces craintes sont fondées.
Pour ce qui touche à la politique de santé, l’élection de François Hollande ne devrait pas entraîner de bouleversements. Le candidat a clairement indiqué qu’il ne reviendrait pas sur la loi HPST, réforme phare du précédent quinquennat. Concernant sa politique du médicament et en matière de pharmacie, il s’est largement exprimé dans une longue interview accordée au « Quotidien du pharmacien » le 5 avril dernier.
Premier point, la place du pharmacien dans le système de soins : « Le pharmacien est, depuis toujours, un acteur majeur dans le système de santé français. Seul autorisé à dispenser des médicaments, son rôle est primordial en matière de sécurité sanitaire, tant par le rôle qu’il joue sur le terrain, au quotidien dans les officines, que dans l’industrie pharmaceutique. À mon sens, il convient non seulement de renforcer ce rôle, mais également de le faire évoluer vers la reconnaissance des nouvelles missions du pharmacien (...) Le maillage des officines sur notre territoire est un atout dans un contexte où les déserts médicaux (zones urbaines sensibles ou zones rurales) posent un réel problème d’accès aux soins. »
Le nouveau président de la République s’est également montré très clair sur la défense du monopole pharmaceutique : « Le médicament n’est pas un produit anodin et sa dispensation doit obéir à un certain nombre de règles, tout en répondant aux particularités de chaque patient. De par sa formation, le pharmacien est un professionnel de santé en mesure de répondre à cette double exigence. » Se félicitant de la mise en place du dossier pharmaceutique dans les officines, il soulignait que, « à ce titre, le monopole pharmaceutique constitue une garantie pour le patient ». Même constat pour la vente de médicaments sur Internet, contre laquelle il se prononce, craignant qu’elle n’entraîne « un certain nombre de dérives difficilement contrôlables. Il faut sécuriser le parcours du médicament et garantir la santé publique », ajoutant : « En matière de médicament, le conseil direct est important. »
Toujours dans nos colonnes, il indiquait qu’« un gros effort d’information devra être fait auprès de nos concitoyens pour qu’ils reprennent confiance dans la politique du médicament. Entre le scandale du Mediator et les doutes entretenus sur les génériques, le pharmacien a un rôle essentiel pour restaurer cette confiance, dans un pays où la consommation de médicaments est supérieure aux autres pays. » Concrètement, il entend réduire la consommation de médicaments, soutenir le recours aux génériques et baisser le prix de certains médicaments.
Pour lutter contre les déserts médicaux, il souhaite mieux organiser les soins de premier recours : « j’engagerai la création et le déploiement de pôles de santé de proximité sur tous les territoires (...) Je propose un plan d’accompagnement à l’installation fondé sur une nouvelle forme d’exercice de la médecine, plus regroupée et plus collective. »
Enfin, pour rétablir les comptes de l’assurance-maladie, François Hollande envisage plusieurs mesures : revoir les niches sociales existantes (notamment les exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires), mettre à contribution de l’ensemble des revenus, en particulier les revenus du capital et les revenus de placement, supprimer de la TVA sociale, et réaffirmer le rôle pivot de la CSG dans le financement de la protection sociale.
Lire également notre analyse politique en page 20.
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