POUR 2012, la progression du chiffre d’affaires des officines est quasi nulle, avec une hausse moyenne de 0,17 % seulement. Le chiffre d’affaires moyen s’élève ainsi à 1 624 500 euros en 2012, contre 1 621 700 en 2011. Mais cette stagnation moyenne de l’activité cache toutefois des résultats disparates selon les pharmacies : si plus de la moitié d’entre elles (52,9 %) ont vu leur chiffre d’affaires baisser en 2012, l’effet de taille continue de jouer pour les « grosses » officines. En d’autres termes, plus le chiffre d’affaires est élevé, et plus l’évolution de ce dernier est favorable. C’est le cas aussi, notamment, pour les pharmacies de centre commercial.
Par ailleurs, dans l’activité globale des officines, ce sont les ventes de médicaments remboursables qui souffrent le plus : elles ont reculé en moyenne de 0,8 % entre 2011 et 2012. Un impact fort, quand on sait que 78 % de l’activité totale des pharmacies proviennent justement des ventes à 2,1 % de taux de TVA. « L’augmentation de la délivrance de génériques à un prix plus faible par rapport aux princeps a un impact important, particulièrement depuis le milieu de l’année 2012, suite à la nouvelle convention et à la relance de ma mesure tiers payant contre génériques », indiquent Patrick Bordas et Joël Vellozi.
Inversement, les ventes de médicaments non remboursables et de dispositifs médicaux progressent de presque 3 % en 2012, « traduisant ainsi l’effet des déremboursements et la tendance générale à la hausse de l’automédication, très marquée en 2012 », souligne aussi l’étude de KPMG. De même, les ventes de parapharmacie augmentent nettement en 2012 (+ 4,8 %), « contribuant à consolider de manière non négligeable l’activité des officines », même si la parapharmacie ne représente qu’un peu plus de 9 % de l’activité totale des pharmacies.
Marge insuffisante.
En valeur, la marge moyenne (hors taxes), quant à elle, progresse de 1,3 % en 2012, c’est-à-dire un peu plus que le chiffre d’affaires. Le taux de marge moyen est également en hausse et s’élève 29,7 %. Ces chiffres s’expliquent, pour 2012, par l’appréciation du taux de marge sur les médicaments remboursables et par l’effet génériques. Mais ces bons résultats apparents doivent être pondérés. En valeur, la marge progresse en effet moins vite que l’inflation, et l’évolution au fil des ans est en nette inflexion. Phénomène plus inquiétant encore : près de la moitié des officines a désormais une marge en valeur qui baisse, contre un tiers seulement des pharmacies en 2011. Enfin, comme le fait remarquer KPMG, « la très faible progression de la marge sur le médicament remboursable laisse peu de moyens aux pharmaciens pour agir face à la hausse des frais généraux ». Or les frais de personnel, justement, augmentent de 1,7 % en moyenne en 2012, davantage, donc, que le chiffre d’affaires et la marge, d’où une perte de rentabilité en 2012. En outre, le ratio frais de personnel/chiffre d’affaires se dégrade particulièrement pour les officines avec un seul titulaire, et ceci quel que soit le chiffre d’affaires des petites officines.
À noter également, pour les frais de personnel, que les chiffres de KPMG font ressortir un chiffre d’affaires moyen par personne au comptoir (en équivalent temps plein et titulaire compris) de 319 000 euros, quasiment identique à celui de 2011. On peut relever aussi que les charges externes (avec notamment le loyer de l’officine) restent en revanche bien maîtrisées, comme c’était déjà le cas en 2011. Le ratio charges externes/chiffres d’affaires reste stable, à 4,8 %.
Rentabilité en panne.
Sur le plan de la rentabilité, le montant moyen de performance commerciale et de gestion (PCG), qui mesure la performance économique globale de l’officine, progresse très faiblement (+ 1,1 %), et cette progression est même en net retrait par rapport aux années précédentes. Pire même : la performance commerciale et de gestion, en valeur, est en recul pour une officine sur deux, alors que la part des officines dont ce montant avait reculé en 2011 n’était que de 35 %.
Au total, ces résultats sur la marge, pour l’année 2012, ne sont pas une surprise, puisque la très faible augmentation du chiffre d’affaires et de la marge se conjugue à des frais généraux, et notamment de personnel, en progression plus forte.
Au niveau des résultats dégagés, l’année 2012 n’est pas bonne non plus, comme on peut s’en douter. Pour les officines à l’impôt sur le revenu, le résultat (113 100 euros en moyenne) n’augmente que de 0,2 %, et il est même en recul de 6,8 % pour les officines à l’impôt sur les sociétés (avec une moyenne en valeur de 75 000 euros).
Un point plutôt positif, toutefois, dans ce tableau général un peu sombre : les trésoreries des officines restent globalement positives en 2012, et augmentent même légèrement en moyenne (le solde moyen de trésorerie est de 71 500 euros). Malgré toutes les difficultés, la structure financière des pharmacies reste donc saine, seulement 11,6 % d’entre elles ayant un solde moyen négatif.
Au total, les résultats de cette étude, sans être foncièrement mauvais, sont toutefois préoccupants. « Jusqu’à l’année dernière, on pouvait constater des progressions significatives de marge et de rentabilité des pharmacies de notre échantillon. Pour 2012, dans un contexte de stagnation du chiffre d’affaires, ces deux derniers indicateurs n’évoluent quasiment plus et sont même en recul pour une officine sur deux. L’officine, sur son activité principale de vente de médicaments remboursables, ne dégage quasiment plus de marges de manœuvre financières, malgré l’effet générique », concluent Joël Vellozi et Patrick Bordas, responsables de cette étude chez KMPG.
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