LES ÉTIQUETTES électroniques sont-elles la panacée ? Longtemps ignorées des pharmaciens alors qu’elles envahissaient les rayons de la grande distribution et d’autres commerces, elles commencent désormais à se répandre dans le monde de l’officine. Les arguments en leur faveur sont simples et convaincants : « le temps passé à installer des étiquettes papier est loin d’être anodin, surtout dans les grandes officines » justifie Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. « De plus, les prix varient beaucoup plus qu’avant » ajoute Virginie Boissier, responsable marketing d’ASP Line. Pour une grande pharmacie menant une politique commerciale dynamique, le temps gagné grâce aux étiquettes électroniques qui permettent d’afficher les prix en temps réel, et les consommables économisés (papier, encre…) et bien sûr la réactivité sont autant d’atouts procurés par ce qui a pu longtemps paraître comme un gadget.
Ces arguments butent pourtant sur le coût de l’investissement à réaliser que tous les acteurs de ce marché reconnaissent comme élevé. Et lesdits arguments ne se transforment pas forcément sur la ligne comptable du retour sur investissement. Même si l’avantage compétitif paraît évident : « les étiquettes électroniques permettent de gagner plus de marge car les prix sont ajustés à chaque réception pour une marge toujours optimisée » déclare ainsi Bénédicte Karpov, présidente du réseau Winpharma. Mais il est cependant « très difficile d’estimer un retour sur investissement », souligne Virginie Boissier, « nous ne nous engageons pas sur des chiffres précis. » Personne ne le fait du reste. Et si globalement l’on met en avant les avantages des étiquettes électroniques, certaines voix soulignent que les avantages ne sont pas évidents pour tout le monde. Un fait acquis, les grandes officines en profitent de toute évidence. « Cela devient intéressant à partir de 1 000 références », affirme ainsi Franck Laugère, directeur général de CEPI Pharmavitale. « Mais à 500 références, ce n’est pas rentable. » Un constat qui ne fait pas l’unanimité. « Nous avons parmi nos clients de grandes officines, mais aussi de petites pour qui le temps gagné est très utile quand les équipes officinales sont réduites » estime Virginie Boissier. En tout état de cause, il semble indispensable de bien mesurer les avantages qu’un tel investissement apportera pour le profil de l’officine à qui il est destiné.
Simplicité apparente.
D’où aussi la nécessité de bien évaluer le marché. Celui-ci offre une simplicité apparente : tous les éditeurs ont une offre, basée sur les produits de l’un des deux fabricants d’étiquettes électroniques, SES et Pricer. Cette offre est forcément reliée à un logiciel d’exploitation desdites étiquettes. Ce logiciel est soit concocté par l’éditeur du logiciel d’exploitation de l’officine (LGO) lui-même, soit il est sous-traité auprès de la société Asca Informatique, spécialiste de la gestion des étiquettes électroniques en pharmacie. Dans certains cas, des éditeurs proposent les deux.
« Il a été nécessaire d’écrire un programme particulier pour les officines car ceux existant pour la grande distribution ne leur convenait pas » explique Philippe Baudu, directeur des opérations d’Asca Informatique. « Les mises à jour des prix dans les grandes enseignes de la distribution ont lieu la nuit, or pour les officines, il faut être en mesure de répercuter en temps réel toutes les informations relatives aux prix, il faut également respecter certaines particularités liées à la multiplicité des références pour un seul produit ». Le logiciel d’Asca Informatique interroge le LGO toutes les 30 secondes et dès qu’il détecte une modification, il la répercute immédiatement sur les étiquettes. « Cela prend au maximum 45 secondes » affirme Philippe Baudu.
Certains éditeurs se fient entièrement à lui pour gérer cette activité et se limitent à établir une interface avec le logiciel Asca, c’est par exemple le cas de Pharmagest et d’Isipharm, d’autres encore proposent leur propre outil de gestion des étiquettes, comme Winpharma, mais laisse le choix à leurs clients, et d’autres enfin proposent un outil exclusif, à l’instar d’Alliadis. Dans ce dernier cas, pas trop besoin de se poser de questions, puisqu’il y a incompatibilité avec les autres systèmes de gestion d’étiquettes. Mais cette question de compatibilité est à prendre néanmoins en compte, ne serait-ce que dans l’hypothèse où un jour l’on viendrait à changer de fournisseur de LGO. Rester prisonnier pour la gestion des étiquettes électroniques serait dommage. C’est pour cette raison d’ailleurs que certains pensent à créer des interfaces particulières, comme CEPI, qui a choisi de se rendre compatible avec Alliadis.
Radiofréquence ou infrarouge ?
Mais d’autres critères doivent aussi être pris en compte pour effectuer son choix, à commencer par le type de technologie utilisée. Les étiquettes SES sont basées sur la radio fréquence tandis que celles de Pricer utilisent l’infrarouge. Ces technologies permettent de diffuser l’information de l’émetteur vers les étiquettes, et la radio fréquence est réputée être plus efficace que l’infrarouge. Cette dernière est « directionnelle, tandis que la technologie radio est omnidirectionnelle, cela signifie qu’aucun obstacle ne vient gêner la diffusion de l’information » explique Sophie Roussel. « Cela permet de franchir tous les obstacles, y compris en béton » ajoute Franck Laugère. « Elle est plus stable » complète Bénédicte Karpov. Ce que conteste Philippe Baudu. « L’argument selon lequel l’infrarouge ne passe pas partout est faux » clame-t-il. L’enjeu n’est pas anodin puisque la technologie infrarouge est moins chère que sa concurrente. D’où la nécessité de bien comparer leur efficacité respective.
Autre élément dont il faut tenir compte, le fait de savoir si les étiquettes sont unidirectionnelles ou bidirectionnelles. Dans le premier cas, elles se limitent à enregistrer la mise à jour envoyée par le logiciel d’exploitation. Dans le second, elles renvoient un signal comme quoi la mise à jour en question a été effectuée. Ce qui peut présenter un avantage lorsque par exemple le code CIP d’un produit change, l’étiquette électronique ne le saura pas et la mise à jour ne s’effectuera pas. L’avantage doit là aussi faire l’objet d’une évaluation précise, après tout, les étiquettes électroniques concernent avant tout les produits de parapharmacie et bien sûr l’OTC.
Aller au-delà de l’affichage des prix.
Il reste encore un dernier choix à faire, à savoir le type d’informations recherchées par les titulaires. Faut-il se limiter à l’unique affichage des prix ou bien est-il plus intéressant d’y ajouter d’autres informations ? Alliadis s’en tient à la première réponse. « Le fait de consulter le stock par exemple n’offre pas d’intérêt, car toutes ces informations sont déjà dans le LGO. » Mieux vaut dans ce cas rester dans l’apport principal des étiquettes électroniques, l’affichage des prix en temps réel, qui permet également de respecter les obligations légales en la matière (notamment le prix des produits au poids). Néanmoins, cette vision a minima intègre un aspect important, la possibilité de programmer des promotions, celles-ci s’affichant alors quand nécessaire sur les étiquettes. « C’est un véritable outil de merchandising » remarque Jérôme Lapray.
Les logiciels diffèrent ensuite quant à la manière de gérer et d’afficher ces promotions, les faire clignoter par exemple.
D’autres éditeurs vont plus loin et proposent d’autres usages. Asca Informatique explique ainsi qu’il est possible d’interroger les étiquettes électroniques sur la date de la dernière vente. « On voit tout de suite si un produit tourne ou pas » souligne Philippe Baudu. Des applications permettant d’interroger le stock, de gérer les inventaires quand la pharmacie est fermée au public, peuvent également enrichir la palette de ce que peuvent apporter les étiquettes électroniques. Attention cependant, avertit en substance Sophie Roussel, toutes ces consultations sollicitent les piles des étiquettes électroniques et donc sont susceptibles de limiter leur durée de vie. Un argument qu’entend Philippe Baudu, qui reconnaît l’impact sur l’énergie utilisée par les étiquettes. Mais il le relativise. « Cela pose la question de la durée de vie des étiquettes, et les infrarouges ont une durée de vie moyenne de 7 à 8 ans, supérieure à celle basées sur la radio fréquence. » Le débat ne cesse de rebondir.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion