Une expérimentation très controversée

Deux pharmaciens sur trois hostiles à la dispensation à l’unité

Publié le 27/03/2014
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L’expérimentation de dispensation à l’unité de médicaments devait démarrer dans quelques jours. Mais les modalités pratiques semblent encore loin d’être calées et le test ne pourrait commencer qu’en juin, voire à la rentrée de septembre. Une bonne nouvelle pour les pharmaciens qui restent très majoritairement hostiles à cette dispensation au comprimé près, selon une récente enquête de la société Call Medi Call réalisée pour « le Quotidien ».

LES OFFICINAUX ont un peu de répit. L’expérimentation de dispensation à l’unité de certains antibiotiques devait commencer le 1er avril, pour une période de trois ans. Mais à quelques jours du lancement rien ne semble prêt pour démarrer à la date prévue. La première réunion de préparation s’est déroulée seulement mardi dernier. Les officines pilotes ne sont pas choisies, la question d’une éventuelle rémunération n’est pas tranchée et les modalités proposées « sont beaucoup trop complexes pour les pharmaciens », estime Philippe Besset. « On nous demande de découper, garder les boîtes pour la prochaine fois, refaire des étiquettes, refaire des notices, rajouter des choses sur les notices… détaille le vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). C’est peu applicable à l’officine. » Au total, Philippe Besset se dit « dubitatif » et pense plutôt que l’expérimentation débutera en juin ou même en septembre.

Sur le terrain, les officinaux restent très largement opposés à cette dispensation à l’unité. Selon l’enquête Call Medi Call*, 69,30 % des titulaires se déclarent ainsi défavorables au principe d’une expérimentation de délivrance au comprimé près. Leur principal argument est que cela représente une pratique très chronophage, mais aussi que cette dispensation sera difficile à mettre en œuvre au comptoir et qu’elle n’apportera pas, ou trop peu, d’économies à la collectivité. À l’opposé, les 26,2 % de pharmaciens favorables à l’expérimentation pensent que cette dispensation est porteuse d’économies, mais surtout qu’elle permettra de limiter le risque d’automédication à partir des reliquats de traitements prescrits et qu’elle facilitera l’observance. Mais pour près de 9 sur 10 d’entre eux, cet acte doit être rémunéré. Avant même que l’expérimentation ait débuté, 46,2 % ne croient déjà pas que le test sera positif, et donc étendu à d’autres classes thérapeutiques, même si un peu moins de la moitié (48,10 %) estime que la classe choisie (celle des antibiotiques) est la bonne pour mener cette expérimentation.

*Enquête réalisée du 3 au 19 mars auprès de 1 066 titulaires d’officine.
CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3080