L’UTILISATION excessive d’antibiotiques en médecine vétérinaire provoque également des risques d’apparition de résistances bactériennes. Et celles-ci peuvent ensuite se retrouver chez l’Homme. Dans les années 1990, des comités scientifiques européens se sont penchés sur l’utilisation de certains antibiotiques comme additifs en alimentation animale. Qu’ont-ils découvert ? Que ces pratiques provoquaient un risque de développement chez l’animal de bactéries comportant des gènes de résistance, susceptibles d’être transférés via l’alimentation à des bactéries de la flore intestinale humaine. L’Union européenne a donc interdit, en 2006, l’utilisation des antibiotiques comme facteurs de croissance en alimentation animale. En parallèle, des systèmes de suivi des résistances aux antibiotiques ont été développés. Le Résapath, réseau de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes chez les animaux, collecte ainsi chaque année plusieurs milliers d’antibiogrammes pour les bovins, volailles, chiens et porcs. Leur analyse a permis de mettre en évidence, chez toutes les espèces animales, une augmentation régulière des niveaux de résistance aux céphalosporines vétérinaires de troisième et quatrième génération (C3G et C4G). Cette évolution est préoccupante notamment dans la filière poules/poulets, où la proportion de souches résistantes est passée de 7 % en 2008 à 22 % en 2010.
De plus, les plans de surveillance menés par l’ANSES* et l’EFSA** ont montré que la résistance aux fluoroquinolones, bien que faible chez les E. coli isolées chez les porcins (3 % en 2006 et 3 % en 2010), est élevée dans les souches avicoles, de l’ordre de 21 % en 2007 et 27 % en 2009. Concernant les souches de Salmonella, les niveaux de résistance sont restés relativement faibles chez les poulets de chair et les poules pondeuses entre 2008 et 2010 : 0 et 1 % pour les C3G et C4G ; 3 et 4 % pour les fluoroquinolones. Dans la filière dinde, la résistance des Salmonella aux C3G et C4G reste faible, à 0,6 %. En revanche, en 2010, les autorités sanitaires ont relevé des taux inquiétants de résistance aux fluoroquinolones, de l’ordre de 23 %. De même, la résistance des souches de Campylobacter pour ces antibiotiques a atteint des niveaux très élevés en 2010 chez les volailles : 51 % pour C. jejuni et 66 % pour C. coli. Chez les porcins aussi cette résistance reste importante, de l’ordre de 34 % pour C. coli. Et chez les bovins, elle est passée de 30 à 71 % entre 2002 et 2006. « Ces niveaux très préoccupants posent la question de l’usage des fluoroquinolones dans ces productions », relève la direction générale de l’alimentation.
Les résistances aux C3G et C4G, ainsi qu’aux fluoroquinolones, sont inquiétantes, car ces antibiotiques sont très importants en médecine humaine. Par exemple, le traitement des salmonelloses humaines sévères repose sur deux antibiotiques (C3G et fluoroquinolones) et un seul chez l’enfant (C3G). Les autorités sanitaires préconisent donc une diminution de l’usage de ces antibiotiques chez l’animal. Une recommandation déjà mise en œuvre dans certaines filières, notamment porcine et cunicole (voir « le Quotidien » du 12/11/2012). Cependant, il reste des efforts à faire pour atteindre les objectifs du plan national Ecoantibio 2017, qui prévoit une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en cinq ans.
** EFSA : Autorité européenne de sécurité des aliments.
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