SA JOURNÉE commence à 7 h 30, dans les prairies vertes du bocage deux-sévrien : « Le matin, je passe au haras pour donner à manger aux chevaux. Je file ensuite à la pharmacie, avant l’ouverture, pour m’occuper de la commande. Je conduis mon fils à l’école et je reviens à la pharmacie. » Malgré un planning chargé, le co-titulaire de la Pharmacie des Vallées, à Argenton-les-Vallées, n’a pas hésité à nous accorder un peu de son temps pour nous parler de son autre passion, l’élevage de chevaux trotteurs.
Car, depuis 2004, Bertrand Borra, en plus de son activité de pharmacien, de son engagement au sein du syndicat des pharmaciens des Deux-Sèvres (dont il est coprésident), de son mandat de conseiller municipal et de sa vie de famille (quand même !), est éleveur de chevaux trotteurs : « C’est un rêve d’enfant que j’ai souhaité concrétiser. J’ai toujours voulu vivre avec des chevaux. » Mais pourquoi des trotteurs ? « C’est une race très intéressante, rustique et généreuse. L’allure du trot est majestueuse. Le cheval avance, la tête haute, avec une démarche symétrique. C’est magnifique à regarder », s’enthousiasme l’éleveur officinal qui vient d’étendre son domaine d’élevage de plusieurs hectares.
Le trotteur est un cheval qui participe à des courses dans lesquelles il doit rester au trot. « Le trot est habituellement une allure de transition entre le pas et le galop. Pour arriver à faire trotter des chevaux à presque 50 à l’heure, c’est-à-dire plus vite que des chevaux au galop, la sélection est une étape essentielle. Ce travail est réalisé par l’éleveur, en fonction de la lignée des poulinières et des étalons. C’est ensuite qu’intervient le travail de mise au point réalisé par l’entraîneur », explique Bertrand Borra. L’un ne va pas sans l’autre, et la réussite dépend de l’équipe formée autour du cheval, de l’éleveur à l’entraîneur en passant par le vétérinaire et le maréchal-ferrant. Une pluridisciplinarité indispensable, comme dans la santé. « Mon expérience d’éleveur a sans aucun doute renforcé cette conviction que nous, les professionnels de santé, devons mutualiser nos compétences et apprendre à travailler ensemble ; nous formons une équipe, et notre objectif commun est la meilleure prise en charge du patient. Comme avec les chevaux de course, si on néglige un paramètre, on n’obtient pas de résultats. »
Une rencontre marquante.
La passion de Bertrand Borra pour les trotteurs l’a également amené à faire une belle rencontre avec un confrère du Mans, lui aussi éleveur. « C’était en 2003, lors d’une assemblée générale d’éleveurs de trotteurs. Je me suis trouvé assis par hasard à côté d’un monsieur que je ne connaissais pas. Chose incroyable, c’était un pharmacien ! Nous sommes devenus d’excellents amis. Éleveur depuis une vingtaine d’années, il a un beau palmarès et est le onzième éleveur français. Il possède la mère d’un double vainqueur du prix d’Amérique (célèbre course de trot qui se déroule chaque année, fin janvier, à Vincennes). »
Laquelle de ces deux passions apporte le plus à l’autre ? L’élevage ou l’exercice officinal ? Pour Bertrand Borra, c’est un enrichissement mutuel : « Le contact avec les chevaux m’a appris à observer, à essayer de comprendre l’autre, de manière à créer un climat de confiance et de respect. Dans notre métier, la confiance que le patient peut nous accorder est très importante, et le sera encore plus demain avec la mise en place des entretiens pharmaceutiques. » Finalement, qu’il s’agisse de la pharmacie ou de l’élevage de chevaux, c’est ce même esprit d’identification, de réflexion et d’intégration au sein d’une filière qui anime Bertrand Borra. « Nous faisons un métier passionnant qu’il faut défendre et valoriser pour les générations de pharmaciens à venir. C’est peut-être mon esprit d’éleveur qui explique mon engagement au sein du syndicat et ce besoin d’organiser l’avenir afin de transmettre une profession attrayante et intéressante, pas seulement sur le plan financier, mais surtout d’un point de vue humain. Pour la pharmacie comme pour l’élevage, il faut du temps avant d’obtenir satisfaction, mais les résultats de demain se préparent aujourd’hui. »
Légende photo :
Autour du cheval vainqueur en 2011, Bertrand Borra (à droite), le jockey et l’entraîneur : « la réussite du cheval de course dépend de notre capacité à travailler en équipe, comme dans le domaine de la santé ».
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