LE PORTRAIT est plutôt flatteur. Loin de celui de la ménagère de 50 ans qui a si (trop) longtemps prévalu dans l’œil des sondeurs. Selon l’enquête menée par IPSOS, le patient accorde sa confiance aux médicaments qu’il utilise car il constate leur efficacité (92 %), il s’informe et recoupe ses sources, il n’est pas naïf et connaît la notion de bénéfice-risque du médicament. Il fait confiance à ses professionnels de santé mais n’hésite pas à compléter ses informations en lisant les notices des produits et en surfant sur le Net. Plus impliqué, plus acteur de sa santé, il dialogue aisément avec son médecin et peut montrer son désaccord, demander une prescription particulière… En bref, le patient fait preuve d’une réflexion mature qui lui évite une vision manichéenne du médicament et de ses acteurs.
Pour Brice Teinturier, directeur général délégué d’IPSOS, ces résultats sont « contre-intuitifs ». Car l’environnement actuel n’est pas favorable à un sentiment de confiance : scandale du Mediator, rapport à charge de l’Académie de médecine sur les génériques, parution du « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles et dangereux », généralisation du dispositif tiers payant contre génériques, polémique sur les pilules de 3e et 4e générations, etc. À cela s’ajoute l’opinion partagée par les médias, le grand public et les médecins d’une trop forte consommation de médicaments en France (87 %), d’une trop grande diversité de médicaments (80 %), de l’inutilité de beaucoup de médicaments (61 %) et d’une trop grande quantité de médicaments prescrits (60 %). Pourtant, la confiance progresse. Le taux est passé de 82 % en 2011 à 84 % en 2012, et il est désormais à 87 %. L’opinion des médecins, mesurée pour la première fois dans cet observatoire, indique un taux de confiance à 94 % (voir ci-dessous).
Nouveaux traitements.
Selon cet observatoire, les Français s’appuient donc sur leur propre expérience du médicament, ils constatent son efficacité et notent une amélioration depuis 20 ans. Par ailleurs, 64 % sont satisfaits des informations données par leur médecin, 68 % des renseignements fournis par le pharmacien et 64 % cherchent des informations complémentaires : 97 % d’entre eux passent la notice et la boîte au peigne fin, notamment pour connaître les éventuels effets indésirables (85 %), les contre-indications (81 %) et la posologie (71 %). Ils marquent une préférence pour les médicaments bénéficiant d’une « caution » : les médicaments sur ordonnance, remboursés ou de marque. Les Français ont également une image positive de la chaîne du médicament, se disant rassurés par la multiplicité des acteurs. « La perception de l’efficacité du système paraît même renforcée par les polémiques publiques. Et, paradoxalement, ces dernières semblent conforter la confiance des Français dans le système de veille et de contrôle, et plus généralement dans le médicament », analyse le cabinet IPSOS. Les entreprises du médicament bénéficient d’une bonne image du grand public (63 %, +3 points) même si elles sont d’abord considérées comme des « acteurs privés cherchant à faire du profit », orientant leurs recherches vers « les médicaments rentables ». Les Français estiment qu’elles fournissent des médicaments de qualité (75 %) et innovants (72 %), qu’elles jouent un rôle essentiel dans la découverte de nouveaux traitements (95 %) et sont une source d’emplois importante (65 %).
Réassurance.
Le cabinet IPSOS note néanmoins une certaine défiance concernant les génériques, puisque seulement 58 % des Français sont d’accord pour dire qu’ « il n’y a pas de différence d’efficacité entre un médicament et son générique », soit une baisse de 7 points par rapport au résultat obtenu en 2012. Ils sont aujourd’hui 70 % à faire confiance au médicament générique (- 8 points). Plus généralement, ils font moins confiance aux médicaments sans « caution », c’est-à-dire sans marque, non remboursés ou sans ordonnance. Pour Brice Teinturier, « les Français ont besoin de la réassurance des pharmaciens » en matière d’automédication. Ils sont d’ailleurs 69 % à demander conseil à leur pharmacien. « Dans cette logique, l’achat sur Internet et l’utilisation d’une application pour gérer la santé attirent peu. Alors que 80 % des Français ont Internet et que 77 % des internautes ont déjà effectué des achats en ligne, seulement 4 % des Français ont déjà acheté des médicaments sur Internet et 11 % seulement se déclarent prêts à le faire dans les prochains mois. »
Ces résultats, loin des clichés habituels, dévoilent donc un patient « peu perméable à la polémique », mais qui n’est pas « dans la confiance béate », note Hervé Gisserot, président du LEEM. Pour autant, il s’inquiète de la confiance limitée dans les génériques, les produits d’automédication et les vaccins, trois chantiers pour lesquels il appelle à s’investir. Auquel s’ajoute l’espoir de voir le taux de confiance pour les industriels s’élever. « I have a dream, lance Hervé Gisserot. C’est qu’un jour, dans l’observatoire sociétal du médicament, le Français ait un regard sur les industriels que nous sommes identique au regard qu’il porte sur le pharmacien. D’un côté, c’est un entrepreneur, et, de l’autre, c’est incontestablement un professionnel de santé. Nos entreprises doivent dégager du profit, c’est une nécessité absolue pour réinvestir dans l’innovation, mais nous sommes aussi des acteurs de santé publique. »
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