ET SI LES ANCIENS mythes et la médecine moderne n’étaient pas si éloignés ? Regards croisés du généticien Axel Khan et de l’historien d’art Yvan Brohart, dans ce très bel ouvrage, pour décrypter les effets des différents âges de la vie sur l’homme. À la légende de l’Hydre de Lerne, dont les multiples têtes une fois coupées repoussent deux fois plus nombreuses, le scientifique répond par une réflexion sur l’avenir du clonage thérapeutique et l’état actuel de la recherche dans le domaine de la médecine régénératrice. La principale question est de savoir si la biologie moderne réussira à freiner le vieillissement. Des progrès certains ont été réalisés depuis les années 2000. L’attention est portée, par exemple, sur le resvératrol, molécule susceptible de freiner le processus de sénescence, bien que son efficacité sur l’homme ne soit pas encore démontrée. « Toute avancée en ce sens est promise à un immense succès commercial. La quête des élixirs de longue vie est multimillénaire et ne s’est jamais démentie », écrit le scientifique. Au Moyen âge, on prêtait par exemple des vertus à l’or et à la chair de vipère. Et aujourd’hui, les spas n’ont-ils pas remplacé les bains de Jouvence de la Renaissance ? Depuis toujours, l’homme cherche à repousser le moment du vieillissement. Il y est un peu arrivé, ce qui a d’ailleurs contribué à brouiller les traditionnels âges de la vie et, par conséquent, les comportements et les habitudes.
L’ère de la maturité semble prendre le pas sur celui de la vieillesse, plus éloignée qu’auparavant, moins bien considérée aussi. On apprend que l’adolescence est un concept moderne, né au XIXe siècle, et que l’enfantement a toujours été symbolique, en particulier dans les sociétés tribales. Déjà au Paléolithique, de singulières statuettes féminines, aux attributs sexuels hypertrophiés, appelées déesses stéatopyges, jouaient un rôle propitiatoire dans les rites liés à la fécondité de la femme. La récente photographie du reporter Patrick de Wilde d’une femme enceinte himba de Namibie n’est-elle pas le miroir troublant de la femme enceinte de Gustave Klimt peinte en 1903… D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Telles sont les trois questions universelles que se pose Paul Gauguin dans une célèbre peinture. Les artistes n’ont jamais cessé d’illustrer les âges de la vie, en particulier dans l’art funéraire de l’Antiquité ou les scènes de genre hollandaises du XVIIe siècle, le riche corpus iconographique de l’ouvrage le prouve. Plus proche de nous, le sculpteur Mauro Corda (la couverture du livre) les représente à travers une émouvante marche humaine. Le temps passe et marque ses stigmates. « L’homme est spectateur de la transformation de son corps et l’essentiel de notre psychologie est modelé par cela », explique Axel Khan.
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