Les esclaves du pipi

LES BEAUX JOURS arrivent. Pour s’en convaincre, inutile de regarder le ciel, les petites bouteilles d’eau qui commencent à fleurir sur les bureaux et dans les sacs à main sont un signe qui ne trompe pas! Chaque printemps naissant, avec la plage pour horizon, le slogan « buvez, éliminez » retrouve en effet une nouvelle jeunesse. Boire plus, donc, pour masquer la faim inhérente aux régimes, mais aussi pour éliminer les toxines. La recommandation bien connue a de nombreux adeptes… Parfois même jusqu’à l’addiction! C’est le réseau de soins Périnice* qui le dit. Et de tirer le signal d’alarme : « boire trop d’eau (plus d’un litre et demi de liquide par jour) peut précipiter de nombreuses femmes dans le handicap social de l’incontinence urinaire ». Au royaume des régimes, voilà qui pourrait faire tomber de son trône le sacro-saint flacon d’eau minérale. Car l’enjeu est de taille : le problème concernerait déjà pas moins de 6 millions de femmes en France, tous âges confondus. Selon les spécialistes, la principale cause de l’incontinence urinaire féminine serait le « trop boire sans uriner ». Un comportement qui a pour conséquence de détruire la fonction vésicale en distendant la vessie. Fuites, incontinence, urgences mictionnelles, levers nocturnes multiples, cystites à répétition, la petite bouteille d’eau n’a décidément pas que des qualités.

Un remède, Docteur? Il coule de source : moins boire et uriner plus souvent. Pour le réseau Périnice, il y a urgence à informer les professionnels de santé et le grand public sur les dangers insoupçonnés de l’abus d’eau. Sola dosis facit venenum (C’est la dose seule qui fait le poison) écrivait le grand Paracelse.