Un jardin aquatique dépolluant

Des plantes mangeuses de médicaments

Publié le 26/10/2009
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NOUS vous en parlions il n’y pas si longtemps, les eaux de nos rivières ne sont pas toujours des plus claires (voir le « Quotidien » du 19 octobre). La précieuse molécule d’H2O supporte ainsi bien souvent le voisinage de substances indésirables dans le milieu naturel, telles des résidus de métaux lourds, d’engrais agricoles, et même de médicaments. C’est notamment pour s’attaquer à ces derniers que le projet Libellule est né. Libellule, cela veut dire Liberté biologique et de lutte contre les polluants émergents, nous disent ses concepteurs. Mais on comprend mieux de quoi il s’agit lorsqu’on visite la zone Libelulle qui vient d’être créée à la sortie de la station d’épuration commune à Saint-Just et Saint-Nazaire de Pézan (Hérault). Des nénuphars, de la menthe, des iris des marais et des roseaux y œuvrent dans un décor de jardin aquatique. Silence, la nature est au travail. L’eau qui circule dans ce dédale de bassins végétalisés se débarrasse lentement, et naturellement, de ses micropolluants. De méandres en cascade d’aération en passant par la filtration granulaire et le bassin à batraciens, le parcours aquatique retient près de 99 % des résidus d’antibiotiques, d’anesthésiques et autres bêtabloquants qui avaient résisté aux traitements de la station d’épuration. Il faut au total 10 à 20 jours de cette épuration végétale pour retourner à la rivière le Dardaillon une eau délivrée de cette nuisible pharmacopée. Tout au long du parcours 7 000 plants de 48 espèces choisies pour leur capacité à fixer les micropolluants sont réparties sur 1,5 hectare, explique Éric Blin, le directeur du projet à la Lyonnaise des eaux. Effet secondaire inattendu, la mise en place de la zone Libellule est l’occasion de recréer une zone nature favorable au développement local de la biodiversité. Le maire de Saint-Just ne s’y est d’ailleurs pas trompé en aménageant près des mares épuratrices un sentier pédagogique pour éduquer les écoliers au développement durable. Sur les bois morts abandonnés volontairement dans la prairie humide pour servir de nids aux grenouilles, des perdreaux et des ragondins ont déjà été aperçus. Nul doute que les enfants seront impressionnés par la démonstration de cette nature revigorée aux propriétés autonettoyantes.

› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2697