« Pas de repreneur autre que Véronique, sinon nous irons ailleurs ! » La moitié de la population de Juvigny-le-Tertre (Manche), un village de 700 habitants au sud de Vire, a manifesté samedi 6 avril pour soutenir « sa » pharmacienne, Véronique Martin. Une façon exemplaire de montrer son attachement à celle qui les tient pour des « patients », et non pas pour des « clients ».
Véronique Martin n'est pourtant pas une enfant du pays. Elle achevait un remplacement à Courbevoie (Hauts-de-Seine) quand elle a lu une annonce pour remplacer Thierry Bedel, pharmacien titulaire à Juvigny, malade. Le temps de se mettre d'accord, elle s'apprête à quitter la région parisienne pour la Normandie, quand Mme Bedel l'informe de la mort de son mari. Le contrat à durée déterminée (CDD) pour remplacement de maladie se transforme en gérance après décès, le 5 juillet 2017, premier d'une série de CDD, dont l'actuel vient à échéance le 26 juin prochain.
La remplaçante se fait apprécier puisque, en février 2018, Mme Bedel, restée propriétaire des murs, lui propose de racheter la pharmacie. Véronique Martin, qui tient seule l'officine, est tentée. Mais les finances lui manquent. La mairie se propose d'acquérir les murs et de les lui louer, et tout semble se mettre en place, à la satisfaction générale.
Sauf que, à la signature du compromis, fin mars, chez le notaire, Mme Bedel annonce une autre offre, alors que le maire est absent du rendez-vous.
Véronique Martin rentre « en pleurant » à l'officine, ce que voient les patients. Ces derniers s'insurgent. Vite fait, un porte à porte s'organise, et ce samedi la moitié du village défile dans les rues du village, médecin et infirmières en tête, pour soutenir « sa » pharmacienne. Celle-ci se dit totalement « abattue » par la situation, et ignore encore de quoi sera fait son avenir.
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