L’hydrochlorothiazide est l’un des diurétiques les plus prescrits en France et en Europe, en raison de sa bonne tolérance et de son efficacité antihypertensive. Mais il expose à un risque accru de cancer de la peau ou des lèvres. D’où l’importance de rappeler aux patients les mesures de photoprotection cutanée et d’auto-dépistage de ces cancers, insiste l’Académie de médecine.
En France, plus d’un million de patients sont exposés annuellement à l’hydrochlorothiazide (HCTZ), seul ou en association. Toutefois, en 2018, deux études danoises ont montré un risque accru de cancer de la peau ou des lèvres (carcinome basocellulaire et carcinome épidermoïde) chez les patients exposés pendant de nombreuses années à des doses élevées d’hydrochlorothiazide. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a alors recommandé aux patients sous hydrochlorothiazide (souvent associé à un traitement contre l’hypertension artérielle) de surveiller régulièrement l’état de leur peau et de limiter l’exposition au soleil.
Le médecin, à l’instauration du traitement, devra ainsi vérifier l’absence d’antécédent de carcinome cutané et examiner la peau et les lèvres. Les Sages indiquent qu’un « antécédent de cancer épidermoïde cutané n’est pas une contre-indication à l’HCTZ mais nécessite une surveillance cutanée plus stricte (2 fois par an) ».
Le pharmacien, lui, devra « à chaque délivrance du traitement, rappeler aux patients les mesures de photoprotection et d’auto-dépistage et les inviter à signaler rapidement toute lésion suspecte à leur médecin traitant ».
Enfin, les académiciens recommandent aux patients de « réaliser un auto-dépistage régulier de la peau et des lèvres et d’utiliser une photoprotection des zones de la peau exposées au soleil en ayant recours à des vêtements couvrants, des crèmes solaires à large spectre protégeant des UVB et des UVA, particulièrement impliqués dans le développement de ces cancers cutanés ».
Rappelons que le réseau des Centres régionaux de pharmacovigilance en France a montré que le risque de cancer cutané induit par l’HCTZ était dose-dépendant et augmentait avec la durée du traitement (dose cumulée supérieure à 50 000 mg). De plus, deux études publiées en 2024 confirment le rôle photosensibilisant et phototoxique de l’HCTZ sur le risque de carcinomes épidermoïdes cutanés et des lèvres. La première étude montre que les fibroblastes s'avèrent être des cellules plus sensibles à l'effet phototoxique de la molécule. La seconde montre que l'HCTZ exacerbe la photosensibilité induite par les UVB dans la peau saine en perturbant la réponse aux dommages à l'ADN.
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