Portrait

Marielle Bitaube Letondel : « créer un climat propice à la confiance »

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Publié le 13/11/2025
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Depuis son officine d’Ambérieu-en-Bugey, Marielle Bitaube Letondel multiplie ses engagements envers les patients. Dans les salles de confidentialité initialement destinées aux nouvelles missions, elle travaille désormais à briser le silence qui entoure encore les violences faites aux femmes.

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Crédit photo : DR

Libérer la parole et venir à bout du silence. C'est l’objectif que Marielle Bitaube Letondel, titulaire à Ambérieu-en-Bugey (Ain), poursuit dans son officine. Lorsqu’elle l’a reprise il y a 4 ans, elle a eu à cœur de créer « un lieu convivial, au service des patients, et un climat propice à la confiance ». Dans cette officine, la pharmacienne et son équipe sont très engagées dans les nouvelles missions. Formée à la dermatologie, la titulaire participe notamment à l’expérimentation, en partenariat avec des dermatologues, qui vise à proposer un premier avis en pharmacie sur la dangerosité d’un grain de beauté. « La secrétaire de mon officine a invité une de ses connaissances à faire évaluer un grain de beauté qui le préoccupait et qui s’est révélé être un carcinome », relate la titulaire. Pour ces services aux patients, elle a donc ouvert plusieurs salles de confidentialité. L’officine dispose par exemple d’une salle dédiée aux prothèses capillaires pour les patients atteints d’un cancer, « qui offre aussi aux patientes qui le nécessiteraient un espace de parole », explique-t-elle. Ses actions pour la santé des femmes, la pharmacienne les poursuit aussi hors les murs.

Des sacs floqués de numéros d’urgence

En donnant des produits de première nécessité à des associations de la région et, plus récemment, en distribuant des sacs floqués de numéros d’urgence (Violences femmes info (3919) et Service public d’urgence (114›. Lorsque la région lui a proposé, Marielle Bitaube Letondel a accepté « comme une évidence » de prendre part à cette action. « En récupérant ce sac, les patientes – et même des patients – ont à disposition les numéros d’urgence, qu’elles verront, au calme, lorsqu’elles seront chez elles », raconte-t-elle. Une invitation à ouvrir le dialogue et briser le tabou, pour des femmes dont les maris vont parfois jusqu’à confisquer la carte Vitale, prenant ainsi le contrôle de leur santé. « Ce ne sont pas des cas que l’on voit tous les jours, mais ces hommes interdisent par exemple ainsi à leur compagne de prendre leur pilule », prévient la pharmacienne. Par ailleurs, si ces numéros sont majoritairement destinés aux victimes de violences, ils peuvent aussi servir aux professionnels de santé, parfois démunis face à des situations graves, comme une piqûre de rappel. « Les dispositifs d’aide son parfois méconnus, ces sacs sont un relais pour transmettre l’information que des numéros d’écoute existent, explique Marielle Bitaube Letondel. Ce sont des situations délicates, puisque la volonté de s’en sortir doit venir de la patiente, qui n’a pas toujours conscience d’être sous emprise. » Un geste simple donc, « mais qui peut changer le cours des choses pour certains humains », conclut Marielle Bitaube Letondel.

Arthur-Apollinaire Daum

Source : Le Quotidien du Pharmacien