Faut-il vacciner les plus jeunes, chez qui les risques liés à l'infection par le SARS-CoV-2 apparaissent moindres que chez les personnes âgées ? Oui, répond une étude publiée dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health, à cette question récurrente et sensible depuis le début de la pandémie de Covid au début des années 2020.
Chez les enfants et adolescents, « une première infection au Covid est associée à des risques rares mais graves de maladies vasculaires et inflammatoires, jusqu’à au moins 12 mois après » concluent les chercheurs à partir de données rétrospectives sur près de 14 000 (13 896) patients britanniques de moins de 18 ans entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2022. Par contraste, « les risques observés de myocardite et péricardite après une première vaccination sont limités au mois suivant celle-ci, et sont nettement moindres qu'après une infection au Sars-CoV-2 », poursuivent-ils dans leur conclusion, précisant qu'il s'agit du vaccin à ARNm de Pfizer.
Le surrisque de myocardite ou péricardite post-vaccination moindre que post-infection
Près de 30 % des enfants de la cohorte (dont la taille contribue à la force de l’étude) ont reçu un diagnostic de Covid. Celui-ci était associé à un plus grand risque (par rapport à l’absence d’infection) de thromboembolie artérielle (aHR = 2,33) et veineuse (4,90), thrombocytopénie (3,64), myocardite ou péricardite (3,46) et affections inflammatoires (14,84) au cours de la première semaine suivant le diagnostic. L’incidence déclinait dès la deuxième quinzaine, mais elle restait élevée au-delà de 12 mois pour la thromboembolie veineuse (1,39), la thrombocytopénie (1,42) et la myocardite ou la péricardite (1,42). « Ce risque prolongé pourrait être lié à une réponse inflammatoire post-infectieuse persistante, potentiellement associée à des syndromes tels que le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (Pims) et semble affecter principalement la circulation veineuse plutôt qu'artérielle », lit-on dans l’analyse.
Parmi les enfants de 5 à 18 ans éligibles à la vaccination (plus de 9 250 000, la tranche des 6 mois-5 ans n’ayant pas été retenue car peu vaccinée), 36,9 % ont reçu une première dose de vaccin anti-Covid. La vaccination était associée à un risque plus élevé de myocardite ou péricardite le mois suivant (aHR de 1,84), par rapport à l’absence de vaccination. Mais il restait moindre qu’en cas d’infection. Ainsi, à six mois, l’excès de risque absolu de myocardite et péricardite était de 2,24 pour 100 000 individus après une infection et de 0,85 après une vaccination. Ces résultats étaient cohérents même lorsque le Pims était considéré comme un critère d'évaluation distinct.
En France, une vaccination remboursée, dès six mois
Les auteurs pointent certaines limites à leurs travaux, comme la possible sous-estimation de certains cas de Covid mal renseignés électroniquement ou sous-déclarés. Le pédiatre Adam Finn (université de Bristol), qui n’a pas participé à l’étude, note aussi auprès du Science Media Centre que les conclusions se rapportent aux souches de Covid qui circulaient à l’époque, plus dangereuses que celles d’aujourd’hui. Pour autant, ces résultats « appuient l'idée qu'un maintien de la vaccination chez les enfants et les jeunes constitue une mesure efficace de santé publique », concluent les auteurs.
En France, la vaccination anti-Covid est autorisée et remboursée chez les enfants et adolescents, mais elle n'est pas spécifiquement encouragée par les autorités sanitaires, qui ciblent surtout les publics les plus à risques lors des campagnes (du 14 octobre 2025 au 31 janvier 2026, pour celle en cours). Pour les enfants de 5 ans et plus, une seule dose de vaccin suffit, les parents doivent prendre rendez-vous directement auprès d’un professionnel de santé qui propose la vaccination. Pour les moins de cinq ans, le médecin doit rédiger une prescription médicale pour que l’enfant puisse se faire vacciner par un infirmier, un médecin ou une sage-femme si ce n’est pas lui-même qui le vaccine. Une dose suffit si le petit a déjà été vacciné ou infecté ; si non, le schéma comprend trois doses.
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